Les réfugiés LGBTQ manquent de soins de santé mentale

William Murphy/Flickr
Source: William Murphy / Flickr

En 2012, le gouvernement canadien a introduit des compressions dans le Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI), qui offre une couverture santé aux immigrants qui cherchent refuge au Canada. La couverture a été réduite pour la vision et les soins dentaires, ainsi que pour les médicaments sur ordonnance. En même temps, l'introduction du projet de loi C-31, Loi visant à protéger le système d'immigration du Canada, a laissé les réfugiés sans couverture pour les services de counselling et de santé mentale.

Le projet de loi touche tous les réfugiés et les immigrants, mais les personnes demandant l'asile en raison de la persécution pour orientation sexuelle ou identité de genre ont été particulièrement touchées par ces coupes.

Les réfugiés LGBTQ sont touchés par un traumatisme psychologique résultant de la torture sexuelle et de la violence visant à «guérir» leur identité sexuelle. Souvent aliénés de la famille, ils sont plus susceptibles de fuir leur pays d'origine et risquent de souffrir de dépression, de toxicomanie et de suicide.

À leur arrivée au Canada, les réfugiés sont aux prises avec le processus de réclamation lui-même, qui a été cité par les demandeurs d'asile et les travailleurs en santé mentale comme une source majeure de stress pour les nouveaux arrivants. Pour les personnes LGBTQ, le processus est encore plus difficile, car elles doivent sortir et défendre leur orientation après une vie passée à se cacher et à nier leur identité.

En 2013, six provinces canadiennes ont introduit des programmes individuels pour compléter la couverture. Le Programme de santé temporaire de l'Ontario (PSTT) est entré en vigueur le 1er janvier 2014 et offre aux réfugiés et aux immigrants une couverture de santé à court terme et urgente. Mais il manque encore des dispositions pour les services de santé mentale.

Envisioning Global LGBT Human Rights, un organisme et un projet de recherche de l'Université York à Toronto, a recueilli des données auprès de groupes de discussion avec des demandeurs d'asile LGBTQ avant et après l'audience. Un rapport récent de Rohan Sanjnani, avocat et membre du projet, explique comment le système de santé des réfugiés a échoué. Les demandeurs d'asile LGBTQ sont des êtres humains méritant le respect, la dignité et le droit à la vie en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. Sanjnani soutient que les réductions du PFSI sont inconstitutionnelles et que les réfugiés ont été relégués à un niveau de soins de santé bien inférieur à celui du Canadien moyen.

Des arguments comme ceux-là ont soulevé des problèmes juridiques, encourageant les tribunaux et les décideurs à prendre en compte les droits des personnes LGBT dans le cadre des droits humains mondiaux.

En juillet dernier, le projet de loi C-31 a été déclaré inconstitutionnel devant un tribunal fédéral, mais le gouvernement a interjeté appel le 22 septembre. Ce n'est qu'en cas d'échec que les soins de santé des immigrants pourraient être rétablis.

Inverser les coupes dans le financement du PFSI ne résoudrait pas entièrement le problème. Les demandeurs d'asile LGBTQ sont confrontés au défi de trouver des prestataires de services capables de répondre à leurs besoins spécifiques. Les récits personnels recueillis par Envisioning racontent des occasions ratées, un accès limité aux services essentiels et une déception ultime.

Au cours des deux dernières années, des programmes ont vu le jour pour répondre à ces besoins particuliers. À Toronto, l'un des refuges préférés des réfugiés LGBTQ, certains fournisseurs de soins de santé offrent maintenant des services de santé mentale gratuits aux réfugiés qui ne sont pas couverts. Des centres comme Rainbow Health Ontario et Soutenir nos jeunes ont des programmes pour aider les réfugiés à sortir, pour aider à l'isolement de leurs amis et de leur famille et pour s'adapter à une nouvelle vie au Canada.

Pourtant, le besoin de services dépasse largement le nombre de fournisseurs; et les problèmes d'accessibilité persistent.

Des organisations comme Envisioning essaient de créer du changement par des voies légales, mais l'opinion publique sur l'accès aux soins LGBTQ doit être en place pour que de vrais changements se produisent. Les récents événements World Pride tenus à Toronto étaient un pas dans la bonne direction. Mais une formation spécialisée des professionnels de la santé et de l'éducation publique permettrait de fournir à la communauté LGBTQ les soins dont elle a besoin.

– Sarah Hall, collaboratrice, Rapport sur le traumatisme et la santé mentale

– Rédacteur en chef: Robert T. Muller, Rapport sur le traumatisme et la santé mentale

Droit d'auteur Robert T. Muller