Quand j'étais au lycée, on lisait «Le soleil se lève aussi». J'ai adoré le livre, ce qui est intéressant car je comprenais très peu ce qui se passait, étant donné mon manque de maturité à l'âge de seize ans. Peut-être que j'ai trouvé intrigant que chaque personnage commande un verre avant et après avoir avalé un morceau de nourriture. Peut-être que je pensais avoir un aperçu de la vie réelle des adultes aventureux. Tout le monde était tellement fatigué du monde et prenait leur ennui pour acquis d'une manière qui était difficile pour moi d'imaginer jamais atteindre. Je rêvais de lieux lointains et, surtout, de Paris, le véritable protagoniste du roman. Sur chaque autre page, il y avait des commentaires sur ce que c'était que d'être là et l'inclinaison du commentaire a changé aussi rapidement que les glaçons fondent dans un gobelet de whisky. Plus tôt cette semaine, j'ai commencé à relire ce conte légendaire et plutôt que de me sentir impressionné par la maturité de tout cela, je me suis émerveillé de voir à quel point les personnages semblaient adolescents. Comme ils étaient vaguement vagues et confus à propos de tout ce qui les concernait. Sauf pour leur conscience accrue du lieu. Ils ne savaient peut-être pas qui ils étaient ni ce qu'ils signifiaient l'un à l'autre, mais ils savaient où ils étaient, à Paris. Ils essayaient la vie pour la taille. Ils s'efforçaient de créer quelque chose de sens pour eux-mêmes. Les environs enfumés étaient moins une marque de sophistication qu'un écran pour une brume plus profonde de peine et de souffrance à la suite du démembrement corporel et du chagrin envahissant; la Grande Guerre, celle qui met fin à toutes les guerres, vient de prendre fin. J'étais au milieu du récit vendredi, immergé dans l'environnement parisien. J'ai lu sur le sentiment de l'un des très rares qui avaient cette grande ville dans mon esprit. Jusqu'à ce que je sois à l'écoute des médias, et les nouvelles de ce qui se passait le vendredi 13 novembre 2015 ont retenti. Le monde entier avait tourné les yeux et le cœur vers la souffrance qui avait englouti la Cité de la Lumière. Encore une fois, comme je l'avais ressenti le 11 septembre 2001, le monde avait changé et ne serait plus jamais le même. J'avais prévu de rendre visite à un concessionnaire automobile samedi, mais je me suis surpris à me demander s'il serait ouvert aux affaires ce qui était habituellement sa journée la plus occupée. Une pensée étrange pour correspondre à un moment surréaliste. Même un pacifiste considérerait, à ce moment, la sagesse de s'aventurer dans l'espace public sans être armé. Identifier être normal mais pas terrifié était devenu extraordinairement difficile. Le besoin d'avoir confiance était plus pressant que jamais, mais ses ramifications potentiellement mortelles étaient incroyablement claires. Les limites extérieures de la paranoïa semblaient s'étendre. Le réalisme semblait, dans cette tranche de temps, être une représentation de Stephen King, la perspective de Pema Chodron était insaisissable. Je me suis tourné vers mon partenaire pour me rassurer que le monde est toujours un endroit où l'amour, la romance, l'aventure et l'attachement pourraient prospérer. Parce que je veux croire que le soleil se lève aussi. Mais ce soir, il y a un regard dur sur ce qui était il y a peu de temps, une toile de fond plus innocente. Le soleil se lève, mais il se couche aussi lourdement. Et nous sommes prêts à faire ce que nous pouvons pour ramener une beauté fragile à la vie que nous connaissions avant cet épisode horrible et discordant. Vive la France!