Soi et Non-Moi

Qu'est-ce que le soi? Qu'est-ce que le non-soi? La psychothérapie développe les capacités du soi; Le zen nous aide à voir à travers l'auto-illusion de la séparation. Comment le vois-tu??

Voici un peu de grain pour le moulin: Notre expérience ne peut pas être capturée par une formulation théorique; par sa nature, il échappe à l'élaboration définitive et définitive. Comme une bonne réponse à un koan, un moment vraiment vivant est au-delà de la description conceptuelle. Cela doit être incarné, vécu. Le langage discursif ne peut pas le transmettre fondamentalement, bien que certains langages, comme la poésie, se rapprochent. La psychothérapie et le zen impliquent chacun des activités de lâcher prise et de sortie, bien que les deux disciplines tendent traditionnellement à privilégier un aspect plus que l'autre, contenant différentes «proportions» de chaque activité. L'image d'une double hélice capture quelque chose de leur relation dynamique. Chaque brin est discret, mais chacun d'eux croise l'autre et, ce faisant, change l'autre et est lui-même changé. En travaillant de concert, l'ensemble évolue dans le sens d'une vie plus profonde, de la vérité, de la connaissance de soi intégrée et de la compassion pour les autres.
La psychothérapie offre l'opportunité de développer une connaissance expérientielle de soi et d'autrui dans une relation intime (et hors de), et une conscience approfondie et intégrée de l'activité personnelle et interpersonnelle dans le domaine du champ émotionnel inconscient. La relation thérapeutique et le cœur-esprit du thérapeute fournit le terrain expérientiel dans lequel le patient se donne à la vie en tant que personne séparée et interdépendante. La pratique zen offre l'opportunité de voir dans l'identité essentielle de l'auto-structure, de l'expérimentateur, lui-même.

Bien que l'intégration soit souhaitable, j'ai l'impression que nous ne pouvons pas vraiment «faire le lien»; c'est ensemble. Jack Engler (1986) décrit le conflit apparent inhérent au fait que ce qui en psychothérapie est une réalisation développementale – différencier un moi séparé (ou, pourrions-nous dire, un esprit) – est dans le bouddhisme la source même de la souffrance. Comme Yasutani Roshi (1973), l'un des premiers professeurs de Zen à venir enseigner aux Etats-Unis a dit: "L'illusion est que je suis ici et vous êtes là." Mais ceci, bien qu'étant axiomatique dans la plupart des traditions contemplatives, n'est pas tout à fait précis. Je ne pense pas que ce soit le moi séparé (ou le mental autonome), aussi illusoire soit-il, qui soit le problème. Au contraire, un soi différencié est crucial. Au contraire, ce qui engendre la souffrance est l'attachement habituel, automatique et tenace aux versions contraignantes d'un tel soi et à ses relations avec autrui, qui informe, façonne et conduit notre expérience et notre comportement.
Engler (1986) conclut avec la notion que «quelqu'un doit avoir un soi avant de le perdre», une notion qui a gagné beaucoup de popularité. C'est-à-dire, à partir d'une perspective développementale élargie, les deux sont des réalisations, mais avoir un soi précède le lâcher de soi. Je suggère, cependant, que les deux ne sont ni mutuellement exclusifs ni simplement liés séquentiellement. Nous devons plutôt avoir (créer) et ne pas avoir (perdre, détruire, voir) un soi. De plus, nous devons lutter, finalement accepter, et, espérons-le, jouir de leur différenciation, de leur interpénétration, de leur intégration nécessaire mais incomplète, et de leur chute dans chaque moment de nouvelle expérience vécue.

Plutôt que d'avoir à construire un soi avant de pouvoir découvrir le non-soi, comme le suggère Engler, je pense qu'il faut un moi (personnel, distinctif) pour incarner pleinement notre nature essentielle (non-soi). Et à mesure que l'on dénoue, expérimente et réalise la nature vide et multicentrique de tous les êtres et de la conscience elle-même, le soi (particulier, personnel) et ses qualités uniques sont potentialisés, amenés à la vie et à la réalisation. Ce processus semble plus proche de l'expérience de la psychanalyse contemporaine, de la limite de la pratique méditative actuelle et de la vie elle-même.