Adolescents sexuellement actifs et risque de violence sexuelle

Les adolescents victimes d’abus sexuels sont deux fois plus susceptibles d’être victimes de violence sexuelle entre pairs.

Lorsque je travaillais dans les services de protection de l’enfance, mes collègues et moi savions que les enfants étaient les plus exposés aux violences physiques et sexuelles pendant les fêtes de fin d’année. Janvier signifiait se préparer à une attaque cauchemardesque de cas de maltraitance alors que les enfants retournaient à l’école ou à la garderie avec des signes évidents de traumatisme. Toute cette famille proche qui est supposée être pleine d’amour et de joie est, pour de nombreux enfants, un enfer vivant causée par trop de temps à la maison avec des parents ou des membres de la famille élargie dont le comportement dangereux est lubrifié par l’alcool et la drogue.

Si ce n’est pas assez grave, nous comprenons maintenant que si un enfant a été victime de violence sexuelle, physique, de négligence grave ou a été témoin de violences entre ses parents, il est beaucoup plus susceptible d’être agressée sexuellement. un adolescent et plus tard à l’âge adulte. Selon une équipe de chercheurs montréalais, les adolescents qui ont été maltraités quand ils étaient jeunes courent deux fois plus de risques d’être maltraités dans leurs relations sexuelles intimes pendant leur adolescence. La D re Martine Hebert, que j’ai récemment rencontrée, est catégorique: sur la base de données recueillies par elle-même et ses collègues auprès de près de 2 000 adolescentes sexuellement actives, des antécédents d’abus sexuel rendent un enfant plus susceptible de subir des violences sexuelles au cours de sa vie. relation sexuelle consensuelle avec un pair. Ces statistiques sont effrayantes et devraient rappeler aux parents et aux personnes en charge de parler à nos enfants de la sexualité, du consentement et de ce à quoi devraient ressembler de bonnes relations saines.

Cette même recherche a d’ailleurs montré que les quatre formes de maltraitance mentionnées ci-dessus sont associées au fait que les enfants ont un plus grand nombre de partenaires sexuels, un comportement sexuel occasionnel et sont plus jeunes au moment de leur premier rapport sexuel consensuel. En d’autres termes, un enfant ne doit pas nécessairement avoir été abusé sexuellement pour risquer des comportements sexuels dangereux. En fait, on me dit que 25% des adolescents qui subissent de la violence dans une relation à l’adolescence ont déjà été témoins du même type de violence entre leurs parents tout en grandissant. Si vous croyez que votre enfant a été maltraité physiquement, négligé ou a été témoin de la violence d’un partenaire intime entre les personnes qui en prennent soin, alors il a besoin d’une intervention précoce pour l’empêcher de devenir la victime de violences sexuelles plus tard dans la vie.

Il n’existe aucune explication simple à la raison de ce phénomène, mais c’est peut-être le résultat d’un traumatisme précoce. Les enfants qui ont été maltraités ont moins tendance à se sentir liés à leurs soignants et moins à percevoir leur corps comme une décision à prendre. Ils peuvent même avoir été habitués au sexe et à la violence comme outils de pouvoir et de contrôle.

Heureusement, le cycle peut être brisé. C’est une bonne nouvelle si vous êtes un parent, un enseignant, un éducateur en garderie ou peut-être un simple spectateur inquiet, craignant que l’enfant d’à côté ne soit maltraité. Des programmes tels que Le Centre d’intervention en matière d’abus sexuels pour la famille (CIASF), qui s’adresse aux enfants et aux parents aux prises avec le cycle de la maltraitance, offrent des services de conseil aux victimes et aux auteurs de toutes les formes de violence sexuelle sur la prévention des abus sexuels. Comme beaucoup de ces centres en Amérique du Nord, leur objectif est de faire évoluer les mentalités, de changer les habitudes et de donner aux enfants la force de s’affirmer.

Nous comprenons maintenant que si nous voulons empêcher les adultes de subir une victimisation sexuelle, nous devrons changer leur expérience au cours de leurs relations d’adolescent. Il semble que les filles bénéficient le plus des interventions précoces, mais les garçons aussi ont besoin d’aide. Quand ils sont encore jeunes, leur parler des risques associés aux premières expériences d’abus rend nos enfants moins susceptibles de devenir des agresseurs eux-mêmes.

D’après ce que j’apprends, si votre enfant a été victime de violence pendant les vacances ou à tout autre moment de l’année, parlez-en à un professionnel avant qu’un professionnel de la protection de l’enfance ne demande à vous parler. Si vous êtes mal à l’aise avec l’éducation sexuelle dans les écoles ou les interventions qui renseignent les enfants sur la maltraitance, laissez votre malaise sur le côté et laissez vos enfants obtenir les informations dont ils ont besoin. Si vous êtes vous-même un parent victime de maltraitance (une histoire trop courante), contactez-vous et obtenez l’aide dont vous avez besoin pour briser le cycle de la maltraitance. Si ce n’est pas pour vous-même, faites-le pour vos enfants. Si Hebert a raison, nous devrons alors accorder beaucoup plus d’attention à nos adolescents avant que les problèmes du passé ne se répètent à l’avenir.

Références

Thibodeau, M., Lavoie, F., Hebert, M. et Blais, M. (2017). Maltraitance dans l’enfance et comportements sexuels à risque des adolescents: effets uniques, cumulatifs et interactifs. Child Abuse & Neglect, 72, 411-420.