L'empathie peut-elle être mauvaise pour les interactions intergroupes?

On pourrait penser qu'il serait difficile d'argumenter contre la simple recommandation suivante: Augmenter l'empathie envers les groupes externes, et vous devriez être capable de réduire les préjugés et d'améliorer les relations intergroupes. Hélas, comme pour la plupart des choses ayant trait au comportement humain, la réalité n'est pas simple, et l'empathie n'est pas une solution miracle contre la négativité intergroupe.

Jacquie Vorauer de l'Université du Manitoba au Canada est l'une des chercheuses les plus originales dans le domaine des relations intergroupes, et il n'est donc pas surprenant que la recherche de son laboratoire montre comment l'empathie peut, ironiquement, être préjudiciable à l'interaction intergroupe. Une grande partie de son travail a porté sur les relations intergroupes entre les Canadiens autochtones et blancs (un changement rafraîchissant par rapport à l'accent mis sur les relations entre Noirs et Blancs qui imprègne la psychologie américaine). Dans un article de 2009 publié dans le Journal Psychological Science, Vorauer et Stacey Sasaki rapportent les résultats d'une étude dans laquelle ils ont examiné les effets d'une induction de l'empathie sur l'interaction intergroupe vs intragroupe. Les participants ont vu un documentaire vidéo décrivant les difficultés de logement et les injustices vécues par les Autochtones du Canada et intitulé «Enveloppé dans du plastique: les Premières Nations du Manitoba», et a demandé aux téléspectateurs de voir les choses d'un point de vue objectif. dans ce que l'on ressent, il suffit de rester objectif et détaché ») ou d'être activement en empathie avec les protagonistes du film (« essayez d'imaginer comment se sent ce qui s'est passé et comment cela a affecté sa vie »). Ainsi, les participants étaient soit dans une condition d'empathie ou une condition neutre. De plus, cependant, ils ont été amenés à croire qu'ils parleraient alors du film avec un autre Canadien blanc ou avec un Canadien autochtone. Aucune interaction n'a réellement eu lieu, mais juste avant que les participants ne s'attendent à interagir avec leur partenaire, on leur a demandé à quel point ils attendaient avec impatience l'interaction, ainsi que leurs niveaux de préjugés.

La prédiction directe serait que, parmi les participants à qui on a demandé de comprendre les injustices des protagonistes autochtones canadiens dans le film, ils seraient plus susceptibles de montrer moins de préjugés, et plus ils seraient enclins à vouloir interagir avec leur partenaire en parlant du film.

Les résultats, cependant, ont été surprenants: les prédictions étaient correctes pour les téléspectateurs canadiens blancs qui s'attendaient à parler du film avec d'autres téléspectateurs canadiens blancs. Mais parmi les participants qui s'attendaient à parler du film avec un membre de l'équipe, il n'y avait aucune preuve de réduction des préjugés, et les participants n'avaient PAS hâte d'interagir entre eux. Cela était particulièrement vrai chez les personnes fortement préjugées, vers lesquelles les interventions d'empathie pourraient naturellement viser.

Comment expliquons-nous ces résultats? Vorauer et Sasaki ont constaté que dans la condition de l'intergroupe, les participants blancs s'inquiétaient des métastéréois, c'est-à-dire des stéréotypes que leur partenaire autochtone canadien les verrait. En d'autres termes, une manipulation de prise de perspective a eu pour effet d'amener les participants à anticiper la négativité avec laquelle ils pourraient eux-mêmes être vus, et d'anticiper, de reculer et de réagir contre l'interaction à venir.

Bien que les résultats puissent être décourageants, ils sont également extrêmement importants pour souligner les limites et les barrages routiers que nos idées bien intentionnées (par exemple, construisons l'empathie et que le monde sera un meilleur endroit!) Peuvent faire face. Cela ne veut pas dire que l'empathie n'a pas sa place dans les relations intergroupes – en présence du contact intergroupe et de l'amitié, par exemple, la recherche suggère qu'un effet secondaire positif est l'empathie envers les groupes externes. Cependant, dans le contexte de l'amitié, les problèmes de rejet risquent d'être moins prononcés, et il est important de le savoir.

La question n'est pas de savoir si l'empathie favorise ou entrave l'interaction intergroupe positive, mais plutôt quand l' empathie favorise-t-elle l'interaction intergroupe?

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