Repenser Hansel et Gretel

J'ai un penchant particulier pour l'histoire de Hansel et Gretel. D'abord, il y a cette image qui réchauffe l'âme de l'amour et de la protection de la fratrie. Deuxièmement, il y a cette jeune fille fougueuse, qui découvre chaque complot contre elle, résout tous les problèmes et sauve son frère. Troisièmement, il y a cette justification sous-jacente de l'antipathie pour la belle-mère qui, pour des raisons que je n'aborderai pas, me touche. Mais récemment, j'ai été mis au défi de repenser ce conte de fées. Un roman de Fay Weldon, Le journal de la belle-mère, jette un nouveau regard sur le conflit familier entre belle-fille et belle-mère. Les romanciers et les dramaturges sont souvent en avance sur les psychologues dans l'identification des modèles d'émotions inconscientes, et la réinstallation effrayante de la méchanceté de Weldon dans cette relation m'a fait me demander si Gretel était vraiment si innocent, après tout.

Il nous est rappelé à maintes reprises qu'il existe plus d'une structure familiale «normale», mais qu'un nouveau registre des tendances a été mis en place pour marquer les dynamiques communes. Maintenant que les familles dont au moins un parent est un beau-parent est si commune (aux États-Unis, 8% des enfants vivent avec un beau-parent), il est grand temps de reconsidérer la signification de «belle-mère». Les associations de «belle-mère» avec un comportement méchant, réticent et excluant ont des racines anciennes dans les contes de fées et sont une source de fascination pour les psychologues. Bruno Bettelheim a cru que les traits durs de la belle-mère étaient façonnés par l'ambivalence envers la mère biologique; la méchante belle-mère représentait la haine inconsciente, la peur et le ressentiment envers la mère, qui était aussi aimée et idéalisée. Ces deux images étaient si incompatibles, que l'inconscient les sépara et présenta l'une comme la bonne mère réelle, et l'autre comme la mauvaise femme qui usurpa la bonne mère.

Des lectures plus récentes de la «méchante belle-mère» ont été fondées sur la psychologie évolutionniste. Ici, il est suggéré qu'une belle-mère a un intérêt génétique à évincer les enfants de sa famille avec qui elle n'a aucun lien génétique. Au lieu de cela, elle veut nettoyer les ponts pour sa progéniture biologique, qui va alors sécuriser toutes les ressources de la famille pour eux-mêmes. Bien qu'il existe de nombreuses exceptions à cette «règle» évolutive (beaucoup de beaux-parents aiment vraiment leurs beaux-enfants, et le fait d'être un parent adoptif ne diminue pas l'amour) il n'y a aucun doute que la relation ; La violence parentale n'est en aucun cas limitée aux beaux-parents, mais elle est plus fréquente.

L'image de lionceaux impuissants étranglés par le lion mâle qui évincent le père biologique et place la position du mâle alpha vient à l'esprit. Mais les enfants humains ne sont pas sans défense. Quand une nouvelle épouse entre dans une famille, une fille adolescente peut lui en vouloir pour plusieurs raisons. Peut-être qu'elle la craint comme une belle-mère potentiellement méchante. Mais peut-être aussi, elle la voit comme une rivale pour l'amour et l'attention de son père, et utilise tout son pouvoir de distorsion et de sous-entendus pour saper le statut et la confiance du nouveau venu importun. Le modèle offert par le gène égoïste n'est pas suffisant pour donner un sens au conflit dans cette relation; nous devons aussi introduire l'histoire d'Œdipe et considérer comment la belle-fille peut faire tout son possible pour que la belle-mère soit mauvaise. Ce modèle a certainement du sens pour les nombreuses belles-mères dont les efforts généreux pour offrir l'amour et la chaleur sont rejetés à plusieurs reprises. Cet habile Gretel maîtrisa deux femmes afin de retrouver son père aimant, et ce ne fut peut-être que sa ruse qui les fit ressembler à des «sorcières».