La somnolence diurne peut augmenter le risque de maladie d’Alzheimer

Une nouvelle recherche montre que la somnolence diurne excessive précède la maladie d’Alzheimer

Depuis quelque temps, les experts sont conscients du lien entre la somnolence diurne excessive et le risque accru de démence. Cependant, il était difficile de savoir comment cette relation se déroulait. La somnolence diurne excessive précède-t-elle la démence et augmente-t-elle le risque? Ou, la somnolence diurne excessive est-elle une conséquence de la démence?

Nous avons maintenant mieux compris cette relation grâce à une étude publiée dans JAMA Neurology le 12 mars 2018, intitulée «Association de somnolence diurne excessive à une accumulation longitudinale de β-amyloïde chez les personnes âgées sans démence».

Étudier le design

Dans une analyse longitudinale, qui a suivi 283 patients âgés de 70 ans et plus pendant 2 ans, Carvalho et d’autres chercheurs de la clinique Mayo ont suivi l’accumulation de β-amyloïde dans le cerveau de participants non atteints de démence. Les chercheurs ont suivi cette accumulation en utilisant des TEP.

designua/123RF

Source: designua / 123RF

À noter que le dépôt précoce de plaques amyloïdes dans le cerveau est le premier signe de la maladie d’Alzheimer, qui est la cause la plus fréquente de démence. Ce dépôt se produit longtemps avant les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer.

L’EDS a été mesuré subjectivement à l’aide de questionnaires sur la qualité du sommeil.

Résultats de l’étude

Soixante-trois (22,3%) des participants à l’étude avaient un EDS, corroboré par l’apnée du sommeil observée. La majorité de ces participants (53 sur 63) étaient des hommes.

Selon les chercheurs:

L’EDS de base était associée à une augmentation de l’accumulation longitudinale d’Aβ chez les personnes âgées sans démence, ce qui suggère que les personnes atteintes d’EDS pourraient être plus vulnérables aux changements pathologiques associés à la maladie d’Alzheimer.

Les changements observés étaient les plus répandus dans les régions de gyrus et de précuneus cingulés ou dans les régions du cerveau responsables des émotions, de la mémoire, etc.

Mécanisme proposé

Selon Carvalho et ses co-auteurs, on ignore pourquoi la somnolence diurne excessive précède la démence et pourrait être due à trois facteurs.

“On ne sait toujours pas si l’EDS est le résultat d’une plus grande instabilité du sommeil, d’une surcharge synaptique ou de réseau, ou d’une neurodégénérescence des centres de promotion de la vigilance.”

Premièrement, il est possible que l’EDS entraîne une augmentation des niveaux d’accumulation de β-amyloïde. Deuxièmement, le sommeil pourrait éliminer la β-amyloïde par une voie glymphatique et l’EDS pourrait entraîner une accumulation de β-amyloïde. Troisièmement, l’EDS pourrait provoquer une neurodégénérescence des centres favorisant la vigilance dans le cerveau, entraînant une rupture du cycle veille-sommeil et facilitant la toxicité de la β-amyloïde.

Implications Cliniques

Dans un éditorial d’accompagnement, Winer et Mander soulignent l’impact clinique possible de cette recherche.

“Une des implications de cette étude est que l’auto-évaluation de la somnolence subjective peut constituer un outil scientifique et clinique simple mais efficace pour évaluer le risque de maladie d’Alzheimer.”

Au moyen d’un questionnaire rapide, les cliniciens pouvaient mesurer subjectivement la somnolence diurne comme une indication du risque physiopathologique de démence avant d’utiliser des techniques de neuroimagerie coûteuses.

Enfin, selon Carvalho et ses co-auteurs, la principale limitation de cette étude est l’absence de mesures objectives pour évaluer les perturbations du sommeil (par exemple, la polysomnographie) ou le traitement (par exemple, CPAP). En fin de compte, il faut faire plus de recherches pour mieux cerner ces résultats.

Les références

Carvalho, DZ et al. Association de somnolence diurne excessive à l’accumulation longitudinale de β-amyloïde chez les personnes âgées sans démence. JAMA Neurologie. 12 mars 2018. doi: 10.1001 / jamaneurol.2018.0049

Winer, JR, Mander, BA. Prendre conscience de l’importance du sommeil dans la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer. JAMA Neurologie. 12 mars 2018. doi: 10.1001 / jamaneurol.2018.0005