Les Américains d'âge moyen meurent jeunes: pourquoi?

Les taux de mortalité à long terme aux États-Unis ont montré une baisse constante entre 1970 et 2013: environ 40%. Mais des données récentes [1] montrent que cela ne s'applique pas à certains Américains d'âge moyen. Jusqu'en 1998, ce groupe avait montré la même amélioration de la mortalité que dans les autres pays riches. Dans ces pays, cette tendance s'est poursuivie après cette date, mais pas aux États-Unis. La mortalité a augmenté d'environ un demi pour cent par an: mais seulement chez les non-hispaniques blancs. Les Hispaniques ont continué à suivre la tendance des autres pays. Ces taux de mortalité croissants chez les non-hispaniques blancs sont spécifiques à l'âge moyen. On estime qu'environ 490000 décès auraient été évités entre 1998 et 2013 si cette tendance n'avait pas eu lieu aux États-Unis. De plus, il semble que ce soit une tendance unique aux États-Unis. Alors, qu'est-ce qui se cache derrière?

Il semble y avoir trois causes. Surdosage de suicide, de drogue et d'alcool et maladie hépatique chronique (quelque peu liée) telle que la cirrhose. Les autres causes courantes de décès et de maladie sont le cancer du poumon et le diabète, mais ceux-ci ne semblent pas y contribuer. Il est intéressant que l'épidémie d'obésité ne se reflète pas (encore) dans l'augmentation de la mortalité précoce. Les décès par surdose ont dépassé le cancer du poumon dans ce groupe en 2011, et le suicide pourrait le faire si la tendance actuelle se maintient. L'augmentation de la mortalité chez les Américains blancs non hispaniques d'âge moyen apparaît encore plus frappante par rapport aux autres groupes. Par exemple, au cours de la période de 15 ans analysée, la mortalité à vie moyenne (par 100 000) pour les non-hispaniques noirs a diminué de plus de 200, et de plus de 60 pour les Hispaniques; il a augmenté de 34 chez les non-hispaniques blancs. L'utilisation de ce groupe et d'une norme ou d'un point de référence pour mesurer les taux de survie optimaux pour d'autres groupes (par exemple les Noirs) est maintenant très discutable.

Une analyse plus détaillée de la mortalité chez les non-hispaniques blancs a montré qu'elle s'applique à la fois aux hommes et aux femmes. La région des États-Unis n'était pas non plus importante: la même tendance a été observée dans le sud, l'est, le midwest et le nord-est. Mais l'éducation semble avoir été un facteur majeur. Ceux qui ont un baccalauréat ou plus ont montré une diminution de la mortalité par suicide, cirrhose et surdoses, mais ceux qui ont le moins d'éducation (moins de lycée ou de HS seulement) ont quadruplé. Cette tendance peut ne pas se limiter aux personnes d'âge moyen: il existe des preuves préliminaires que cela pourrait se produire dans les groupes d'âge 30-34 et 60-64 également.

Mais les données pour ce groupe d'Américains d'âge moyen sont très frappantes. Regardez le graphique: Il montre une baisse constante de la mortalité pour de nombreux pays comparables aux États-Unis, et dans des groupes autres que les non-hispaniques blancs aux États-Unis. C'est une tendance constante, donc on ne peut pas l'expliquer comme une aberration temporaire. (USW: non-hispaniques blancs américains, USH: hispaniques américains, autres pays indiqués)

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Source: formulaire reproduit Case et Deaton (voir note de bas de page)

L'augmentation des taux de mortalité chez les non-hispaniques blancs d'âge moyen se traduit par un déclin de la santé générale. Au cours de la même période, il y a eu une baisse de la proportion de membres de ce groupe déclarant être en excellente ou en bonne santé et, bien sûr, une augmentation du nombre de ceux qui déclarent une santé passable ou mauvaise. En particulier, les cas de douleurs chroniques (cou, visage, articulations, sciatique) ont augmenté. Il y a aussi eu des rapports sur la maladie mentale, ce qui devrait avoir une incidence sur les taux de suicide. Cela a augmenté de 23% au cours de la période de 15 ans. Des améliorations ont peut-être été apportées à la détection et au diagnostic de la maladie mentale au cours de la même période, ce qui pourrait dans une certaine mesure expliquer cette conclusion. Globalement, l'aggravation de la mauvaise santé aurait pu être préjudiciable à l'emploi: la proportion de non-hispaniques blancs incapables de travailler a doublé en 15 ans. Donc, aussi, a fait le risque de boire trop.

Les causes sous-jacentes de cette tendance inquiétante ne sont pas entièrement comprises. Un accès moins cher et plus facile aux médicaments (légaux et de rue) peut jouer un rôle, étant donné l'incidence accrue du surdosage. Plus de douleur peut encourager la consommation de drogues, et est un facteur de risque connu pour le suicide, ce qui explique une partie de la mortalité accrue. Puisque la consommation de drogues et la consommation d'alcool sont des choix de mode de vie, les auteurs se demandent si les conditions économiques pourraient jouer un rôle. La mortalité accrue dans ce groupe était plus marquée chez les moins instruits et, par conséquent, occupant des emplois peu qualifiés. C'est juste ce groupe qui a vu peu ou pas d'amélioration des gains réels au cours de ces 20-30 dernières années ou plus aux États-Unis. Conjuguées aux modifications apportées aux régimes de retraite, les auteurs supposent qu'un degré croissant d'insécurité et de difficultés économiques peut contribuer à l'aggravation de la maladie, de la dépression et même des tendances suicidaires.

C'est un fait que l'inégalité économique aux États-Unis se compare plutôt mal avec d'autres pays. Il existe une mesure de la Banque mondiale, appelée coefficient de Gini: plus elle est élevée, plus le pays est inégal. Les États-Unis ont un coefficient de 40,5; les pays scandinaves se situent entre 25,7 et 27,7; au Royaume-Uni, il est 34,8 (et les Britanniques s'inquiètent à ce sujet). Certaines des valeurs les plus élevées se trouvent en Amérique du Sud: le Brésil a un coefficient de 53,9. Les auteurs soulignent également que le ralentissement de la baisse de la mortalité au cours des 15 dernières années se compare à celui enregistré au plus fort de l'épidémie de sida aux Etats-Unis, qui a fait près de 650000 morts. C'est une image déprimante: la vie empire, pas mieux, pour une partie du peuple américain. Une découverte troublante dans le pays le plus riche du monde.

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[1] A Case and A Deaton (2015) Actes de l'Académie nationale des sciences, Etats-Unis vol 112 pages 15078-15083