Bien que divorcé depuis des années, le visage de l’homme reflète une stupéfiante confusion quant à la raison pour laquelle son chagrin (ce coup de poing venu de nulle part pour frapper son âme) le fait souffrir.
La femme qui a perdu son emploi pendant un épisode de réduction des effectifs a parlé avec amertume de son employeur pour lequel elle a beaucoup sacrifié et dont la récompense devait être renvoyée.
Le vieil homme dont les yeux débordent de larmes alors qu’il tient les mains de son épouse bien-aimée, même si la démence a rongé tous ses souvenirs.
C’est une idée intrigante, cette histoire de mal. Comment se dit-on cette histoire? Y a-t-il un héros? Y a-t-il un méchant? Y a-t-il même un thème cohérent? Que se passe-t-il si elle est mal écrite, comme une histoire confuse qui va à l’encontre des lignes épurées de l’Acte I conduisant bien à l’Acte II, qui est alors liée à la fin de l’Acte III?
Peut-être que cette histoire de nos souffrances en dit beaucoup plus sur nous que sur ceux qui les ont causés. Il y a peut-être des aveuglements psychologiques: la faible confiance en soi, le besoin, l’arrogance ou la fierté, entre autres, ont causé la perte. Profiter profondément de son histoire de souffrance n’est pas pour les faibles de cœur. Il peut submerger et piquer avec ses récriminations aiguës. Il peut inciter quelqu’un à chercher des pansements émotionnels: boire trop, travailler trop, faire trop d’exercice, planifier chaque moment d’éveil avec une activité pour éviter la douleur ou l’évitement. En comprenant cette histoire de blessure, la compassion de soi ne peut être omise. Nous sommes chacun des êtres humains avec beaucoup de défauts – personne n’est parfait. La gentillesse et l’empathie pour soi peuvent atténuer la piqûre de l’introspection de soi.
Il y a encore une autre couche à cette histoire. Nous pouvons faire du mal parce que celui qui nous a fait mal a aussi mal. Développer de l’empathie pour quelqu’un qui nous a fait du mal exige un niveau de force émotionnelle difficile à atteindre. Et ainsi, nous pouvons rester en colère plutôt que de continuer. C’est le danger du non pardon: il maintient le lien avec le passé et approfondit ce dialogue intérieur de ressentiment. Souvent, le pardon est exactement ce dont nous avons besoin pour avancer. L’empathie et le pardon font évoluer l’histoire de la souffrance dans celle de la croissance psychologique et spirituelle.
Comprendre, et ici signifier vraiment apprécier le “pourquoi” de la douleur, peut exiger que nous regardions au-delà des émotions qui l’accompagnent – le regret, la colère, la mélancolie, la culpabilité et même la confusion. Celles-ci peuvent être juste des ombres sur le mur, nous distrayant du vrai problème. Cela peut signifier avoir à jeter sa ligne plus profondément dans l’océan existentiel au-delà des déclencheurs universels de la douleur. John Fire Lame Deer, guérisseur sioux dans Seeker of Visions, a écrit que, contrairement aux autres créatures de la terre, “seuls les êtres humains sont arrivés à un point où ils ne savent plus pourquoi ils existent” (p. 162).
Nous avons peut-être ancré notre sens du “pourquoi” de notre existence dans des choses impermanentes: une autre personne, une occupation, un lieu. Lame Deer a identifié cette vie comme une “non-vie”, reflétant un détachement et un manque de conscience du sacré. Chaque chemin spirituel le définit à sa manière, mais il y a un thème commun. Dans le monde séculier, il développe la pleine conscience. Il ne nécessite pas de mots, une philosophie complexe ou des rituels à apprécier. Le sacré est tout autour de nous – dans les étoiles qui fixent le ciel nocturne, sous le soleil éclatant qui nous réchauffe, dans les pluies qui nous apportent une nouvelle vie. Lame Deer l’a décrit comme écouter de l’air, sentir le sol sous nos pieds et simplement apprécier la présence d’un autre sans mots. L’histoire de notre mal n’est qu’une note; ce n’est pas la chanson.
Les références
Lame Deer, JF et Erdoes, R. (1994). Lame Deer, chercheur de visions. New York: Simon & Schuster Broché.