Quand la recherche du plaisir se fait en évitant la douleur

Effets à long terme de la consommation de drogues.

La toxicomanie ne consiste pas seulement à chasser le plaisir (se sentir bien), mais aussi à soulager la douleur émotionnelle (récompense ou soulagement négatif). L’état émotionnel négatif est qualifié de «côté obscur» de la dépendance (Koob, 2015). Le côté obscur inclut les symptômes de sevrage, tels que l’irritabilité, la dépression ou même la douleur physique lorsque l’accès au médicament est refusé. Le côté sombre de la toxicomanie contribue à la vulnérabilité aux fringales provoquées par les signaux de drogue et le stress.

La toxicomanie est source de motivation majeure (Koob, 2015). Le premier est le plaisir qui rend la personne accrochée en premier lieu. Mais après un certain temps, le système cérébral devient tellement compromis que l’on prend la drogue pour revenir à un état normal. En effet, un toxicomane n’essaie pas d’obtenir un plaisir supplémentaire, mais simplement de se sentir normal ou d’éviter de se sentir pire. Selon les mots du Dr Koob (2015), la même région cérébrale chargée de vous faire sentir bien vous fait sentir mal aussi lorsque vous développez une dépendance.

Chaque utilisateur de drogue commence par être un utilisateur occasionnel, puis passe à un utilisateur compulsif. À un moment indéterminé, les toxicomanes ne maîtrisent plus leur consommation. Tout comme un cornichon ne peut plus jamais devenir un concombre, une fois qu’une personne traverse cette ligne indéfinie, il existe une modification des circuits cérébraux qui ne peut être inversée. Le résultat final d’un tel processus est que l’individu commence à se droguer. Ils ne contrôlent plus leur consommation de drogue.

Pour chaque action, il y a une réaction. Selon Richard Solomon (1980), le système cérébral contient des processus opposés dans toutes les situations émotionnelles (douleur-plaisir). Les deux processus sont arbitrairement désignés sous le nom de processus a et processus b. Le processus a représente un état d’humeur positif suivi du processus b (état émotionnel négatif) pour neutraliser les effets du médicament afin de maintenir l’équilibre. La différence de magnitude entre le processus a et le processus b détermine si l’utilisateur éprouve du plaisir ou de la douleur (détresse liée au sevrage de la drogue).

La théorie du processus opposant décrit le passage d’une consommation de drogue occasionnelle à une consommation compulsive. L’utilisation initiale est normalement agréable, ce qui motive une utilisation ultérieure. Cependant, avec un usage répété et une tolérance croissante, le processus b (sentiment de malaise) commence à dominer le processus a (sentiment de bien-être). Le processus b grandit avec l’utilisation répétée et est contré par un processus a progressivement affaibli (en raison de la tolérance). Comme mentionné précédemment, le processus B est connu comme le «côté obscur» de la dépendance qui entraîne le renforcement négatif de la dépendance.

Essentiellement, les médicaments recâblent petit à petit le cerveau à chaque utilisation. La consommation chronique de drogues entraîne un changement pathologique dans le «point de consigne» émotionnel des toxicomanes. En d’autres termes, le processus opposant ne parvient pas à ramener l’utilisateur à une plage homéostatique normale. Ainsi, le toxicomane passe de l’usage de la drogue à la sensation de bien l’utiliser pour ne pas se sentir mal.

Qu’est-ce qui se passe quand le toxicomane quitte la dinde froide? La dinde froide est le processus d’arrêt soudain de toute utilisation d’un médicament. Le retrait brutal des médicaments du système révèle l’altération du cerveau, qui se manifeste par le syndrome de sevrage. À la fin de la consommation de drogue, le processus b (souffrance) domine le processus a (sentiment de bien-être). Et ce fait rend la vie difficile sans la drogue.

Les processus opposés jouent également un rôle dans le domaine de la douleur (Shurman et al., 2010). En d’autres termes, l’utilisation répétée (ou l’abus) d’opioïdes peut augmenter la sensibilité à la douleur, ce qui est un signe de sevrage des opioïdes. Les symptômes de sevrage aversifs s’opposeraient au plaisir intense de la drogue opiacée. Cela peut expliquer la vulnérabilité à la dépendance chez les patients traités aux opioïdes. Ainsi, l’utilisation inappropriée de l’opioïde (ou le traitement d’un individu sans douleur) engage des processus opposés.

La théorie du processus opposant fournit une explication à l’usage compulsif de médicaments dans lequel on le prend pour éviter la douleur. Ainsi, les dépendances sont entretenues non seulement par des sentiments positifs, mais également par le potentiel de sentiments négatifs puissants qui se développent en interne. La phase d’inconfort et de souffrance de la dépendance (tolérance et retrait) oblige souvent le toxicomane à admettre son statut pathologique et éventuellement à se faire soigner.

Références

Koob GF. (2105), Le côté obscur de l’émotion: la perspective de la dépendance. Eur J Pharmacol. 15; 753: 73-87.

Shurman J, Koob GF, Gutstein HB. Les opioïdes, la douleur, le cerveau et l’hyperkatifeie: un cadre pour l’utilisation rationnelle des opioïdes contre la douleur. Médicament contre la douleur. 2010; 11: 1092-1098.

Solomon, RL (1980) La théorie de la motivation acquise selon le processus de l’opposant: Les coûts du plaisir et les avantages de la douleur. American Psychologist, Vol 35, 691-712.