Enfant du paradis, adolescent de l'enfer

Nous savons parfaitement que, dans le cadre de leur croissance, les jeunes connaîtront une période de désillusion lorsque le monde ne semblera plus si heureux ou franc, ni digne d'être vécue. Et nous savons que, plus souvent qu'autrement, cette désillusion sera centrée sur les parents du jeune: «C'est ta faute! Tu n'as aucune idée! Vous avez tout gâché! »Nous savons que cette période de désillusion est une nécessité développementale, car les simplicités de l'enfance sont remplacées par la prise de conscience par les jeunes des complexités de la vie. Stoïquement, en retenant leur souffle, les parents se rappellent qu'ils ne sont pas aussi mauvais ou stupides ou indifférents qu'on les accuse d'être.

Nous savons tout cela, mais ce qui est souvent négligé (ou refusé), c'est le revers du processus: le fait que les parents eux-mêmes vivent une expérience de désillusion tout aussi amère et en colère, tout aussi remplie de récriminations et de haine. Leur désillusion est avec leurs propres enfants.

Après tout, c'étaient les enfants dont on espérait tant, qui commençaient la vie si innocemment, et qui avaient besoin de leurs parents d'une manière si directe et si gratifiante. C'étaient les enfants qui allaient obtenir les meilleures notes et réussir toutes sortes de succès humanitaires, sportifs et scolaires: les mêmes enfants qui sont maintenant en désaccord avec tout, faisant leurs propres choix, s'écartant du scénario.

Les parents ont leur propre processus de développement à suivre lorsqu'ils pleurent la perte de l'enfant innocent et à charge et qu'ils s'habituent à l'individu indépendant, libre de penser et à prendre des risques qu'il est devenu.

"Vous avez changé!"

"Bien sûr, j'ai changé!", Pense le jeune. "C'est mon travail de changer! Je n'ai pas le choix! Mais à l'intérieur je suis toujours la même personne. Tu ne peux pas voir ça?

Certains parents refusent de laisser aller l'illusion. M. Mowles entre à l'école parce que son fils a été impliqué dans une autre bagarre, choisissant et déchirant la lèvre d'un petit garçon. Mais M. Mowles ne peut pas le croire. "Mon fils ne ferait rien de pareil", insiste-t-il. "Ce n'est pas ce genre de garçon!"

"Je pense qu'il ne peut pas vous dire toute la vérité", dit le professeur de son fils, aussi aimablement que possible.

"Eh bien, il n'est pas comme ça à la maison!", Dit M. Mowles, de façon hypocrite, essayant toujours d'éviter la vérité.

S'habituer au fait que nos enfants en pleine croissance sont capables de cruautés et de gentillesses est difficile. S'habituer à leur curiosité sexuelle croissante est également difficile. Le père de Lydia a refusé de la laisser sortir de la maison quand il a vu ce qu'elle portait. "Il m'a appelé une pute!" Dit-elle. "Il a dit que j'étais princesse quand j'étais jeune mais maintenant je le dégoûte!" Elle pleure, sachant qu'elle ne peut pas redevenir un enfant mais que devenir adulte semble vouloir dire perdre l'amour de son père.

Il est difficile pour les parents de ne pas voir un fils ou une fille grandir comme une sorte de trahison. "Cela signifie-t-il que nous avons échoué?" Se demandent-ils. "Qu'est-il arrivé à ce doux enfant? Elle ne nous aime plus? Est-ce que nous avons fait quelque chose de mal?"

C'est dur pour les parents mais aussi pour les jeunes, en essayant d'être stoïque, en retenant leur souffle, en se rappelant qu'ils ne sont pas aussi mauvais ou stupides ou indifférents qu'on les accuse.