Notre hiérarchie des besoins

Dans son article influent de 1943, Une théorie de la motivation humaine , le psychologue américain Abraham Maslow a proposé que les êtres humains en bonne santé ont un certain nombre de besoins, et que ces besoins sont hiérarchisés, avec des besoins physiologiques et de sécurité. ) étant plus primitif ou basique que d'autres (comme les besoins sociaux et de l'ego). La soi-disant «hiérarchie des besoins» de Maslow est souvent présentée comme une pyramide à cinq niveaux, les besoins les plus élevés n'étant abordés qu'une fois les besoins plus bas et plus fondamentaux satisfaits.

Neel Burton

La hiérarchie des besoins de Maslow

Source: Neel Burton

Maslow a appelé les quatre derniers niveaux de la pyramide «besoins de carence» parce qu'une personne ne ressent rien si elles sont satisfaites, mais devient anxieuse si elles ne le sont pas. Ainsi, les besoins physiologiques tels que manger, boire et dormir sont des besoins de carence, comme les besoins de sécurité, les besoins sociaux tels que l'amitié et l'intimité sexuelle, et les besoins de l'ego tels que l'estime de soi et la reconnaissance. En revanche, Maslow a qualifié le cinquième niveau de la pyramide de «besoin de croissance» parce qu'il permet à une personne de s'auto-actualiser ou d'atteindre son plein potentiel en tant qu'être humain. Une fois qu'une personne a satisfait à ses besoins de carence, elle peut se tourner vers l'actualisation de soi; Cependant, seule une petite minorité de personnes est capable de s'épanouir parce que l'actualisation de soi exige des qualités inhabituelles telles que l'honnêteté, l'indépendance, la conscience, l'objectivité, la créativité et l'originalité.

Bien que la hiérarchie des besoins de Maslow ait été critiquée pour être trop schématique et dépourvue de fondement scientifique, elle présente une théorie intuitive et potentiellement utile de la motivation humaine. Après tout, il y a sûrement un grain de vérité dans le dicton populaire selon lequel on ne peut pas philosopher sur un estomac vide, et dans l'observation précoce d'Aristote, «tout travail rémunéré absorbe et dégrade l'esprit».

Une fois qu'une personne a satisfait à ses besoins en matière de déficience, son anxiété s'oriente vers l'actualisation de soi et il commence, même à un niveau subconscient ou semi-conscient, à contempler le contexte et le sens de la vie. Il peut en venir à craindre que la mort soit inévitable et que la vie n'a pas de sens, mais s'accrocher en même temps à la croyance chérie que sa vie est éternelle ou du moins importante. Cela engendre un conflit intérieur parfois appelé «anxiété existentielle» ou, plus colorée, «le traumatisme du non-être».

L'anxiété existentielle est si dérangeante que la plupart des gens l'évitent à tout prix. Ils construisent une réalité inauthentique mais réconfortante faite de codes moraux, de valeurs bourgeoises, d'habitudes, de coutumes, de culture et même, sans doute, de religion. Le théologien de Harvard Paul Tillich (1886-1965) et même Freud lui-même ont suggéré que la religion n'est rien de plus qu'un mécanisme d'adaptation soigneusement élaboré pour l'anxiété existentielle. Pour Tillich, la vraie foi consiste simplement à «être vitalement concerné par cette réalité ultime à laquelle je donne le nom symbolique de Dieu».

Selon le philosophe Jean-Paul Sartre (1905-1980), en refusant de faire face au «non-être», une personne agit dans la «mauvaise foi» et vit ainsi une vie inauthentique et insatisfaisante. Affronter le non-être peut apporter un sentiment de calme, de liberté, voire de noblesse et-oui-cela peut aussi apporter l'insécurité, la solitude, la responsabilité et par conséquent l'anxiété. Mais loin d'être pathologique, cette anxiété est un signe de santé, de force et de courage. Comme l'a noté Freud, «la plupart des gens ne veulent pas vraiment la liberté, parce que la liberté implique la responsabilité, et la plupart des gens ont peur de la responsabilité».

Pour Tillich, refuser de faire face au non-être conduit non seulement à une vie inauthentique, mais aussi à une angoisse névrotique. Tillich a remarqué avec acharnement que la névrose est «le moyen d'éviter le non-être en évitant d'être». Selon cette perspective, l'angoisse névrotique provient de l'angoisse existentielle refoulée, elle-même issue de la nature de la condition humaine et, plus spécifiquement, de notre faculté humaine unique de conscience de soi.

Affronter le non-être permet à une personne de mettre sa vie en perspective, de la voir dans sa globalité et de lui donner ainsi un sens de direction et d'unité. Si la source ultime de l'anxiété est la peur de l'avenir, l'avenir se termine par la mort; et si la source ultime d'anxiété est l'incertitude, la mort est la seule certitude. Affronter la mort, en accepter l'inéluctabilité et l'intégrer dans la vie ne guérit pas seulement celui de la névrose, mais permet aussi d'obtenir et de tirer le meilleur parti de la vie.

Neel Burton est l'auteur de Heaven and Hell: La psychologie des émotions et d'autres livres.

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