Dis ça à mon visage

Tout le monde sait que la communication humaine implique bien plus que de simples mots – nous bénéficions également d'un large éventail de signaux non verbaux puissants, tels que le langage corporel, le ton et les phéromones. De tous ces indices disponibles pour nous, la capacité de lire les expressions faciales et d'identifier l'émotion dans les visages est l'une des plus cruciales dans les interactions sociales humaines. Les visages sont si importants pour nous que le cerveau humain contient un réseau sophistiqué dédié au traitement des informations liées au visage.

Nous développons notre kit d'outils de communication non verbale dès notre naissance et, comme pour tous les aspects de la fonction cérébrale, plus nous pratiquons, mieux nous devenons. Cependant, l'utilisation de la technologie moderne, caractérisée par au moins plusieurs heures par jour 1 d'interaction uniquement avec un écran peut éroder notre capacité à lire efficacement des signaux non verbaux. En 1987, selon une estimation, nous passions en moyenne six heures par jour en interaction sociale face à face, et quatre par média électronique. En 2007, la proportion s'était inversée, avec près de huit heures par jour consacrées à la socialisation via les médias électroniques, et seulement deux heures et demie en interaction sociale en face-à-face. Les jeunes sont des communicateurs textuels particulièrement avides: en 2013, 96% des jeunes de 16 à 24 ans utilisaient un message texte chaque jour pour contacter leurs amis et leur famille, et les trois quarts utilisaient les réseaux sociaux. La communication en face-à-face était moins populaire, avec seulement 63% parlant quotidiennement avec des amis ou de la famille. 3

Communiquer par le biais du texte est, bien entendu, complètement verbal – cela dépend uniquement des mots ou, dans le cas des émoticônes, des images. Il n'est peut-être pas surprenant que les personnes qui passent trop de temps sur Internet aient des déficits dans la capacité de traitement des visages. La recherche a établi que lorsque vous montrez aux gens des visages et des objets du quotidien, comme des tableaux, les ondes cérébrales provoquées par les images des visages sont plus grandes que celles des tableaux, ce qui signifie que les visages ont plus de signification pour l'observateur moyen. Une étude particulière a examiné les utilisateurs excessifs d'Internet, définis comme ceux qui éprouvaient des problèmes sociaux et personnels liés à leur utilisation d'Internet. En moyenne, les internautes excessifs utilisaient Internet pendant six heures par jour. Lorsque les internautes excessifs regardaient les visages et les tableaux, ils avaient des réponses d'ondes cérébrales plus petites que les témoins. Ce résultat suggère que pour les internautes excessifs, les visages n'avaient pas plus d'importance que les objets inanimés quotidiens. Bien qu'il soit difficile de savoir comment cette réduction de la réponse EEG aux visages affecte la capacité excessive des internautes à socialiser efficacement, l'importance du traitement du visage dans une communication efficace signifie que l'impact est susceptible d'être important.

Cependant, la bonne nouvelle est que le cerveau s'adapte continuellement à son environnement immédiat. Alors qu'un temps d'écran excessif peut gêner les compétences de traitement du visage, la suppression des écrans les améliore. La recherche montre que le retrait des écrans des préadolescents pendant cinq jours a significativement amélioré leur capacité à lire l'émotion dans les visages et les actions des autres, comparé à leurs homologues restés branchés.5 Un groupe d'enfants de sixième année a assisté pendant cinq jours un camp éducatif qui interdisait l'utilisation de la technologie d'écran, offrait des possibilités accrues de communication en face à face et une exposition accrue au monde naturel. Un deuxième groupe d'enfants a poursuivi ses activités quotidiennes normales pendant la même période, ce qui comprenait l'utilisation de la technologie d'écran. Les deux groupes ont déclaré en moyenne utiliser 4,5 heures de temps d'écran par jour, avec environ une heure de textos, 2,5 heures de télévision et une heure de jeu vidéo. Avant et après les cinq jours, les enfants ont montré des images de visages affichant différentes émotions et ont également regardé des vidéos de personnes interagissant avec les indices verbaux retirés. Ils ont ensuite été invités à juger quelles émotions étaient représentées dans les images et les vidéos. Les enfants qui ont participé au camp se sont beaucoup améliorés en lisant les émotions faciales et en lisant les signaux émotionnels non verbaux des autres. Cependant, nous ne pouvons pas être certains que ce soit l'élimination des écrans, l'augmentation des opportunités de face-à-face ou l'expérience de la nature qui a amélioré la capacité non verbale. Quoi qu'il en soit, d'un point de vue neuroscientifique, il s'agit d'un merveilleux exemple de plasticité neuronale: ce n'est pas tant une déficience qui est corrigée que simplement le cerveau qui développe la réponse correcte aux besoins immédiats.

Les enfants n'ont pas un niveau d'expertise aussi élevé en traitement du visage que les adultes, car la capacité de traitement du visage se développe tout au long de l'enfance et de l'adolescence. L' acquisition d'une expertise dans le traitement du visage dépend de nos expériences face à face: les expériences dominées par la technologie de l'écran peuvent donc désavantager les enfants dans ce qui était auparavant le mode de communication humain le plus élémentaire.

De nombreuses questions subsistent, par exemple si un certain type d'utilisation de l'écran contribue aux déficits de traitement du visage, ou si ce n'est que le temps passé sans interactions en face-à-face, ou si l'exposition à une nature elle-même et impact significatif.

Les références

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