Guérir le haïku dans les moments difficiles

L’expression des sentiments par la poésie guérit les survivants du tsunami au Japon

Stephen Murphy-Shigematsu

Source: Stephen Murphy-Shigematsu

Aujourd’hui, nous commémorons le septième anniversaire du séisme et du tsunami qui ont balayé tant de vies et traumatisé tant d’autres le 11 mars 2011. Les gens continuent de faire face au deuil prolongé pour les pertes qu’ils subissent et luttent pour trouver un sens à la dévastation. L’expression de nos sentiments par le biais des arts et de la musique est l’une des façons dont les humains ont cherché la guérison et l’autonomisation dans les temps les plus sombres. L’efficacité de ces moyens est maintenant appuyée par des études scientifiques qui prouvent que des activités telles que l’écriture sur les traumatismes peuvent améliorer notre bien-être.

Le passage suivant est de From Mindfulness to Heartfulness : (147-48)

Le comportement calme, patient et ordonné qui a suivi les catastrophes au Japon et qui a suscité les éloges du monde entier reflète un shikata ga nai , acceptant la vision de la nature au Japon. Les tremblements de terre à répétition et autres catastrophes naturelles vécues par les Japonais dès les premiers temps peuvent susciter un sentiment de respect envers la nature et un mode de coexistence respectueux. En voyant la mort et la souffrance d’innocents, les Japonais ont compris leur impuissance face aux bouleversements de la nature.

Une façon de faire face a été par écrit. Après le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji en 1995, les populations de la zone sinistrée ont dû composer avec des centaines de haïkus. De même, à la suite de la catastrophe de 2011, de nombreuses personnes ont cherché refuge dans la poésie. L’histoire du survivant du tsunami Isao Sato, un résident de la préfecture d’Iwate qui a été dévastée par le tsunami de mars 2011, en est un exemple.

Il a commenté: “D’un coup, un énorme tsunami est venu et a emporté ma maison et toutes les possessions matérielles que j’avais travaillées toute ma vie. Mais quand je suis finalement arrivé à moi-même, j’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé que j’avais encore ma famille et que cette année encore, le monde était rempli de la douce brise du début de l’été.

Sato a écrit ce haïku:

Hit ひ と つ Mi (Mi hitotsu to) Absence de biens

Ite り て 薫 風 (narite kunpū) Pourtant béni par le toucher du

Ishi り し か な (arishi kana) Brise au début de l’été.

Dans ce haïku, nous voyons une belle expression de la façon dont la perte peut donner naissance à la gratitude pour ce qui reste. Comme s’il se réveillait d’un mauvais rêve, le poète ressent l’émerveillement de la brise, en prenant conscience qu’il a survécu à la tragédie et qu’il est vivant. La vie continue. Se concentrer sur la beauté de la brise est un acte de courage qui crée une nouvelle conscience et une volonté de vivre, submergeant les sentiments de désespoir et d’impuissance. Cette foi durable dans la nature, malgré les tragédies qu’elle entraîne, est devenue une source d’inspiration non seulement pour les victimes, mais aussi pour toutes les personnes au Japon qui, comme tous les humains, doivent exister dans un monde incertain.

Stephen Murphy-Shigematsu

Source: Stephen Murphy-Shigematsu