Mon ami Bob est un couchsurfer. Oui, c'est ce que vous pensez que c'est. Quand il voyage, il ne paie pas pour une chambre d'hôtel, mais contacte plutôt des étrangers avant son arrivée et demande à rester sur leurs canapés ou lits d'appoint. Et, il invite les étrangers à rester avec lui quand ils seront dans sa ville. La semaine dernière, Bob a organisé un dîner pour une quinzaine de surfers couchs qu'il n'avait jamais rencontrés lors d'un bon dîner thaïlandais en Californie du Sud et il m'a invité, ainsi que certains de mes étudiants diplômés, à y assister.
Bob n'est pas une noix. Il dirige une entreprise de taille moyenne prospère. Il a été marié pendant vingt-quelques années, a deux enfants à l'université. Lève-toi, mec tout autour. Il n'est en aucun cas bon marché et n'a pas de psychopathologies évidentes. Oh, il est très social. Il s'intéresse exceptionnellement à ce que les gens pensent, ressentent, croient, font et veulent. Mais encore, pourquoi rester sur le canapé d'un étranger?
Pour les personnes intéressées à savoir pourquoi les étrangers coopèrent les uns avec les autres (comme moi), couchsurfing est un laboratoire fabuleux. Vous pouvez voir comment cela fonctionne ici, mais brièvement, on crée un profil, puis cela est vérifié, par exemple, par une petite carte de crédit qui confirme l'adresse. Vous pouvez ensuite avoir d'autres couchsurfers qui vous ont rencontré face à face. Enfin, chaque fois que vous restez sur le canapé de quelqu'un, ils vous considèrent comme un invité. Toutes ces informations sont disponibles pour les hôtes potentiels. La fiabilité est engendrée par le réseau social dans lequel on est intégré. Internet permet à ce réseau d'informations d'être mis à jour presque instantanément, ce qui rend difficile pour les couchsurfeurs d'arnaquer, de voler ou de mal se comporter généralement.
Quelques statistiques Le surf de Couch a eu lieu de manière informelle pendant des millénaires, mais l'incarnation moderne d'Internet est due à Casey Fenton qui a commencé le site en 2003 après avoir obtenu un billet bon marché à Reykjavik, en Islande mais étant incapable de s'offrir un hôtel. Donc, il est resté sur un ami du canapé d'un ami et a trouvé que c'était amusant. Aujourd'hui, il y a 800 000 couchsurfers dans 50 000 villes dans le monde. 85% d'entre eux ont moins de 35 ans et la moitié des couchsurfeurs vivent en Europe et près de l'autre moitié en provenance des États-Unis. Environ 10 000 nouveaux membres s'inscrivent par mois pour ce service gratuit.
Alors qu'est-ce qui se passe ici? Lors du dîner couchsurfing auquel j'ai assisté, j'ai rencontré un professeur d'école de 50 ans qui avait accueilli plus de 40 invités chez elle l'année dernière. J'ai rencontré plusieurs personnes qui n'avaient accueilli qu'une seule personne. Plus tard dans la soirée, j'ai rencontré "Rhythm" qui se décrit comme "un voyageur". Elle avait un diplôme en art, avait travaillé brièvement mais a préféré "camper" à travers le pays. Il y avait aussi un écrivain qui avait couché à travers le Brésil et plusieurs étudiants.
Ils semblaient tous chercher des connexions et améliorer leur vie avec de nouvelles expériences sociales. Ces couchsurfers m'ont raconté des histoires de gentillesses extraordinaires d'étrangers sur leurs canapés, et de l'occasionnel ennuyeux et rustre. La plupart du temps, ils me racontaient les gens extraordinaires qu'ils avaient laissés entrer chez eux, et comment ces gens se sont immédiatement intégrés dans leurs familles, en coupant des légumes pour le dîner et en lavant la vaisselle par la suite. Ils ont raconté comment emmener les Estoniens à Hollywood et à Vine, tenir des albums photos de leurs nouveaux amis et suivre les voyages de leurs anciens clients sur couchsurfing.com. Bob a appelé couchsurfing un mouvement vers une planète plus aimable et plus connectée.
Je suis un peu timide et je ne peux pas imaginer rester sur le canapé d'un étranger. Pourtant, même les introvertis recherchent le contact humain. Les humains sont des singes hypersociaux et nos systèmes d'ocytocine ont évolué pour nous faire prendre soin des autres, y compris de parfaits étrangers, comme l'ont montré des études de mon laboratoire. Le système d'ocytocine dans le cerveau le fait en le rendant agréable à engager avec les gens. Pensez à la façon dont nous punissons le pire des pires dans la société qui se conduisent mal, les prisonniers. Ils sont mis en isolement . Pour presque tous, l'isolement est psychologiquement et physiologiquement stressant. Bien que nous puissions combattre cela dans la culture individualiste américaine, les humains sont vraiment des créatures de troupeau.
Couchsurfing est un moyen de faciliter l'isolement et de construire des réseaux sociaux. La recherche montre systématiquement que ceux qui ont de plus grands réseaux sociaux sont en meilleure santé, plus heureux et vivent plus longtemps. Ceux qui vont régulièrement à l'église obtiennent aussi ces avantages, et cela peut être dû à la socialité et à la communion qui suit le culte.
Surtout, faire confiance à un étranger doit toujours être conditionnel . C'est-à-dire que nous équilibrons constamment des niveaux appropriés de confiance et de méfiance en fonction de l'environnement physique, des personnes qui nous entourent et de notre propre état physiologique. La confiance inconditionnelle et la méfiance inconditionnelle sont toutes deux pathologiques – la première est la crédulité qui fait de nous des cibles de prédation alors que la seconde est la paranoïa. L'un ou l'autre est inadapté en naviguant à travers la mer des étrangers dans les sociétés modernes.
Il y a un vieux proverbe russe "doveryai, no proveryai" qui se traduit par "confiance, mais vérifie". Nous distribuons la confiance en morceaux et voyons si les autres réciproquent. Mes recherches sur l'ocytocine montrent que 98% des gens font de la réciprocité et qu'un cycle de coopération commence. Quand on nous fait confiance, nos cerveaux synthétisent et libèrent l'ocytocine pour faire basculer l'équilibre approprié de confiance et de méfiance vers le côté de la confiance.
Les couchsurfers que j'ai rencontrés étaient sociables, détendus, respectueux et engagés avec ceux qui les entouraient. Presque tous les sièges ont changé pour parler à de nouvelles personnes tout au long de la soirée. Le phénomène du couchsurfing est une excroissance naturelle d'un système d'ocytocine affamé qui vit dans un monde de plus en plus fragmenté socialement. Avoir un réseau social dense est ce que la plupart d'entre nous veulent, et couchsurfing construit de nouvelles connaissances d'une manière amusante et contrôlée.
Alors, est-ce que quelqu'un a un canapé sur lequel je peux m'écraser?
