Trois conseils sur la pleine conscience d’un psychiatre bouddhiste

Le Dr Mark Epstein propose des solutions pour certains obstacles courants à la prise de conscience.

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Source: Charles Mayer / Pingouin

La pleine conscience a dépassé son statut antérieur de pratique religieuse pour devenir une industrie multimilliardaire. L’application phare de 2017 sur l’App Store d’Apple était Calm, une application de méditation; les entreprises, les équipes sportives et les militaires l’utilisent pour améliorer leurs performances; et Amazon répertorie plus de 1000 livres sur le sujet. Le Dr Mark Epstein, à la fois bouddhiste et psychiatre, a longtemps été à la fois un praticien et un partisan de la pleine conscience. Dans son nouveau livre, Advice Not Given: Un guide sur le dépassement de soi, il écrit sur les différentes façons dont il influence son travail et sa compréhension de l’esprit. Les conseils qui ne sont pas donnés sont organisés autour du huitième chemin du bouddhisme: vue correcte, motivation correcte, parole correcte, action correcte, moyens d’existence corrects, effort correct, bonne conscience et bonne concentration. Le livre représente les meilleurs efforts d’Epstein pour décrire une psychologie psychodynamique bouddhiste. Revisiter les racines religieuses de la pleine conscience offre à la fois un encouragement à ceux qui trouvent la pratique difficile et un défi à ceux qui y voient un autre moyen d’améliorer leurs performances. Les trois conseils suivants sont particulièrement pertinents pour les débutants et les méditants chevronnés.

La pleine conscience est un voyage et non une destination.

La plupart de la pratique actuelle de la pleine conscience se concentre sur le développement de la pratique elle-même. On commence par de courtes périodes de temps et travaille à l’intégrer dans le rythme de la journée. Vu sous cet angle, la pleine conscience peut devenir analogue à un médicament, pris deux fois par jour pendant vingt minutes à la fois pour soulager la dépression, l’anxiété ou une foule d’autres maux. Selon Epstein, cependant, dans le bouddhisme, la vigilance n’est jamais considérée comme une destination en soi. Il raconte une parabole racontée par le Bouddha qui compare l’attention à «un radeau fait d’herbe, de bâtons et de feuilles qui aide quelqu’un à traverser une grande eau. “Qu’est-ce qui devrait être fait avec le radeau une fois que vous avez traversé?” il a demandé rhétoriquement. “Est-ce que vous devriez le porter avec vous pour le reste de votre vie ou le déposer au bord de la rivière?” “La pleine conscience fonctionne mieux lorsqu’elle est vue comme un moyen de vivre une vie pleine et satisfaite plutôt que d’ajouter une liste de tâches quotidiennes.

Sabine Schulte/Unsplash

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Être toujours avec vos pensées n’est pas la seule façon d’être conscient.

Bien que la vigilance soit perçue comme un moyen de calmer l’esprit, nous avons tous, à un moment ou à un autre, pris place pour constater que nos esprits évoluent beaucoup plus vite que prévu. Pour ceux qui sont particulièrement anxieux, l’idée d’être seul avec ses pensées peut être écrasante au début. Epstein ne recommande pas que l’on s’attache à de tels moments. Au contraire, il raconte l’histoire du sujet de l’anxiété induite par la méditation avec le médecin du dalaï-lama pour découvrir que le bouddhisme connaissait bien le phénomène. Pour ceux qui trouvent la méditation à craindre », les médecins tibétains font en sorte que ces patients affligés effectuent des tâches simples comme balayer les salles du temple ou couper les légumes dans la cuisine plutôt que de prescrire plus de méditation. Ils savent que le traitement des troubles anxieux induits par la méditation est moins une méditation, pas plus. “Si l’idée de méditer semble juste trop, portez la même attention sur vos activités ménagères, et dans le processus vous trouverez votre esprit s’installe pour se reposer.

La paix intérieure peut devenir une autre dépendance.

Nous nous tournons vers la pleine conscience pour réduire le bruit de nos vies, pour réduire les envies qui nous assaillent. Il n’est que naturel de s’attacher au sentiment de calme omniprésent qui résulte souvent de la pleine conscience, mais Epstein avertit que cela peut aussi devenir une dépendance. Les professeurs bouddhistes d’Epstein lui ont raconté l’histoire d’un homme qui avait effectué une retraite silencieuse de trois mois pour revenir en courant en criant «ça n’a pas marché, ça n’a pas marché» une fois de retour dans sa vie quotidienne. Peu importe combien de temps nous méditons, invariablement nous revenons aux rythmes précipités de notre existence quotidienne. La pleine conscience ne devrait pas être considérée comme une évasion de nos routines quotidiennes, mais plutôt comme un moyen d’être plus présent à nos expériences, ce qui nous permet de ne plus nous sentir dépassés par elles.

La pleine conscience a aidé des millions de personnes de toutes les origines religieuses et Epstein ne serait pas en désaccord avec le fait que cela a été une bonne chose. En examinant les racines religieuses de la pleine conscience, on constate que nombre des problèmes qui nous assaillent dans nos pratiques de pleine conscience ne sont pas nouveaux mais sont connus depuis des siècles. Pour ceux qui cherchent à explorer plus en profondeur l’idée d’une psychologie bouddhiste, Epstein a écrit sur le sujet depuis la publication de son premier livre en 1995. Advice Not Given est l’un de ses meilleurs résultats à ce jour.

Les références

Epstein, M. (2018). Conseils non donnés: Un guide pour vous dépasser. New York: Pingouin.