C’est un fait bien établi que boire de l’alcool rend les gens plus agressifs. Par exemple, 19 actes de violence sur 20 sur un campus universitaire impliquent la consommation d’alcool.
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Ce lien agression alcoolique n’est pas simplement une corrélation; l’alcool a un effet causal sur l’agressivité croissante. Dominic Parrott, psychologue à la Georgia State University, a mené de nombreuses expériences montrant la capacité de l’alcool à accroître l’agressivité. Dans une étude exemplaire, le Dr Parrott et ses collègues ont assigné un groupe de 136 buveurs sociaux à boire soit une boisson alcoolisée, soit une boisson sans alcool. Les hommes qui ont consommé la boisson alcoolisée ont administré des chocs plus importants à un adversaire que ceux qui avaient consommé le contrôle sans alcool. Cela prouve clairement que l’alcool augmente le comportement agressif.
Mais si le contraire est aussi vrai? L’agression pourrait-elle augmenter la consommation d’alcool?
Certaines recherches préliminaires suggèrent que c’est le cas. Dans une étude portant sur plus de 1 000 adolescents issus de quartiers à forte criminalité, le niveau d’agressivité d’un adolescent prévoyait de consommer plus d’alcool au cours de la prochaine année. Par exemple, les jeunes de 14 ans plus agressifs ont consommé plus d’alcool à 15 ans que leurs camarades moins agressifs. Ces données suggèrent que la relation entre l’alcool et l’agression n’est pas une voie à sens unique où l’alcool n’influence que l’agression. Au lieu de cela, il est probable que l’alcool et l’agression se promeuvent de manière cyclique.
Pourtant, pourquoi l’agressivité augmenterait-elle la quantité d’alcool que les gens boivent plus tard? Nous avons examiné cette possibilité dans une étude récemment publiée dans la revue Aggressive Behavior .
Nous avons réuni un échantillon de 24 buveurs sociaux dans notre centre d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Là, ils ont accompli une tâche d’agression dans notre scanner IRM, dans laquelle ils ont choisi à plusieurs reprises le souffle d’un bruit à administrer à un adversaire pendant que nous mesurions leur activité cérébrale. Nous avons reproduit certaines de nos recherches antérieures, qui ont montré que le comportement agressif est associé à une plus grande activité dans des parties du cerveau qui favorisent l’expérience de la récompense et du plaisir.
Nous avons ensuite sorti les participants du scanner IRM et mis quatre bières glacées devant eux, les informant qu’ils feraient maintenant un test de dégustation des bières. L’expérimentateur leur a dit de boire autant de bière qu’ils le souhaitaient et de ne pas s’inquiéter s’ils se saoulaient parce qu’ils devaient rester quelque temps au laboratoire. Les bières étaient en fait non alcoolisées, mais les participants n’ont pas remarqué la différence avant la fin de l’expérience et nous leur avons dit. Nous avons constaté que les participants les plus agressifs étaient dans le scanner IRM (plus ils émettaient de bruits qui faisaient exploser leur adversaire), plus ils buvaient de bière par la suite. Ces résultats ont été obtenus à partir d’un petit échantillon, mais ils fournissent des preuves préliminaires que le comportement agressif peut prédire une plus grande consommation d’alcool.
Nous avons également constaté que ce lien entre l’agression et la consommation d’alcool subséquente s’expliquait par la mesure dans laquelle les participants présentaient une activation dans des zones du cerveau liées de manière fiable à une récompense pendant l’acte d’agression. Cette constatation a été observée même après avoir contrôlé l’influence des caractéristiques de la personnalité telles que la recherche de sensations. Ainsi, notre étude suggère un mécanisme spécifique qui lie l’agression à une plus grande consommation d’alcool: récompense. La douceur de la vengeance peut «se faire saigner» sur d’autres comportements, comme la consommation d’alcool, ce qui les rend plus attrayants qu’avant l’agression. Ce mécanisme cérébral spécifique basé sur les récompenses peut servir à renforcer les liens réciproques entre l’agression et la consommation d’alcool.
En effet, la rue à double sens qui circule entre l’alcool et l’agression peut être pavée du plaisir de ces deux actes.
Les références
Chester, DS et DeWall, CN (2018). L’agression est associée à une plus grande consommation d’alcool ultérieure: une base neuronale partagée dans le striatum ventral. Comportement agressif, 44 (3), 285-293.