Même en Occident, les écrivains doivent faire des amis avec le silence

En Amérique, nous vivons dans une culture de bruit. Les affaires, les sports et la guerre sont nos principaux passe-temps. Tous les trois prospèrent sur le loudness.

Les caisses enregistreuses bipent, les chasseurs à réaction hurlent, les foules du Superbowl rugissent – tous les trois sons signifient que nous gagnons de l'argent.

Notre culture politique est contradictoire, bruyante. Ceux qui parlent à grands volumes et sans pause sont considérés comme des gens capables, énergiques, gung-ho. Des études montrent que les gens qui restent silencieux en Amérique, qui permettent des pauses dans le discours, sont perçus par leurs compatriotes américains comme sournois, suspicieux. Peut-être même français.

D'autres cultures – en particulier certaines cultures tribales orientales et certaines – accordent de la valeur au silence. C'est souvent parce qu'ils sont fondés sur une prise de décision consensuelle, où ils doivent s'écouter les uns les autres.

Cette différence imprègne-t-elle aussi notre écriture? Voici une phrase de Infinite Jest de David Foster Wallace:

"Il n'y a pas de choix sans liberté personnelle, Buckeroo. Ce n'est pas nous qui sommes morts à l'intérieur. Ces choses que vous trouvez si faibles et si méprisables en nous, ce ne sont que les dangers d'être libre.

Des déclarations percutantes, presque agressives, l'une haletante après l'autre. Comparez ceci avec un haïku du prêtre Shinto du 16ème siècle Moritake:

"Les pétales tombent

retour à la succursale

Je regarde: Oh! Papillons! "

Ce haïku n'est pas seulement basé sur la réception de sensations plutôt que sur l'affirmation de soi, les différentes sensations sont séparées par des lacunes dans la calligraphie, des champs de blanc, des pauses marquant un changement de perception. Silence visuel et auditif.

Mais nous verrons dans ce blog que les écrivains occidentaux utilisent aussi le silence. Ils n'ont pas le choix.

En écrivant un livre sur le silence, j'ai trouvé que le silence dans la vie, dans la pensée, dans l'art, n'est pas négatif. Ce n'est pas de l'air mort, ou de l'espace gaspillé. Ce n'est même pas l'absence de bruit.

C'est quelque chose qui est aussi vital et crucial que le son. ( Article suivant: Ce que le silence permet dans l'art )