Pourquoi la conscience est-elle si importante?

Rester conscient et éveillé est important.

La prise de conscience et l’analyse du pouvoir, deux aspects irréductibles de la psychothérapie féministe, ainsi que l’analyse de genre, mettent en lumière ce qui peut facilement devenir inconscient et pris pour acquis. L’appel féministe à la conscience de la catégorie de genre encore non nommée a marqué le début d’une révolution intellectuelle et culturelle qui ne peut être défaite. Ces mêmes étapes peuvent s’appliquer à la radicalisation culturelle et à l’hétéronormativité.

Une attention particulière facilite le processus de nommage dans la visibilité de ce qui a été relégué à l’invisible. La conscientisation permet de rendre visible ce qui a été rendu invisible à travers le processus d’apprentissage d’abaissement de conscience conçu par chaque culture pour chaque individu. La blancheur est l’un des aspects les plus importants de ce processus de socialisation, devenant la position invisible et par défaut de la racialisation. C’est-à-dire que cela devient la race qui n’en est pas une, en particulier chez les Blancs des pays occidentaux, l’hétérosexualité étant l’équivalent.

La résistance se produit à deux niveaux. Premièrement, comme je l’ai indiqué ici, le principe même du tri doit être rejeté. Deuxièmement, le différentiel de pouvoir qui se manifeste dans le sens du droit associé également à la masculinité (Kaschak, 1992) doit être refusé à plusieurs reprises.

À l’origine, la thérapie féministe s’opposait à l’idée d’une thérapie individuelle, confidentielle et séparée, sauf dans des circonstances temporaires et urgentes (Kaschak, 1976). Cet aspect crucial de l’intervention a été complètement perdu, la thérapie féministe étant devenue un métier plutôt qu’une révolution, un moyen de gagner sa vie plutôt que de résister au racisme, à l’homophobie et à la misogynie. En participant à une thérapie féministe professionnalisée, les femmes et les hommes sont séparés les uns des autres et du processus même de conscience de groupe qui est à la base de la thérapie féministe. De cette manière, ils sont également séparés de l’action collective nécessaire au changement social. Je déplore cette perte qui consolide le pouvoir et la conscience dans la relation avec le thérapeute. Je pense que c’est une erreur énorme pour les féministes. Le racisme, comme la misogynie, l’homophobie, le classisme, etc., ne peut être combattu individuellement, car ils ne sont pas du tout des problèmes ou des caractéristiques individuels.

Bien que la blancheur et l’hétérosexualité n’acquièrent une signification que dans un contexte, elles constituent également le contexte invisible pour la création d’une signification – c’est-à-dire pour ce qui compte. De là découlent les catégories et les significations qui importent dans la vie quotidienne. Ils deviennent la norme, la position par défaut, qu’il n’est même pas nécessaire de nommer pour exister et définir.

Tout comme le récit romantique officiel des médias reste essentiellement hétérosexuel, l’histoire du racisme est décrite dans le langage du «progrès» plutôt que de la domination et des hallucinations. Le choix de la langue nous trompe. Le démantèlement d’un système qui n’aurait jamais dû être mis en place n’a pas progressé.

Je crois que les féministes, les multiculturalistes et tous les peuples doivent cesser de légitimer les catégories Noir / Blanc / Marron et cesser d’utiliser le Blanc comme position invisible ou par défaut. La racialisation est une hallucination qu’il faut guérir, et de tels «remèdes» relèvent de la psychothérapie. L’observateur culturel indéterminé hypnotise les Américains qui voient en arrière et en blanc un spectre infini de bruns, de roses, de jaunes, etc., sans aucun noir ni blanc. Ces dernières années, nous avons même inventé la couleur marron où le jaune et le rouge étaient autrefois utilisés.

Je préfère considérer le genre, la race, la classe sociale et l’orientation sexuelle comme des multiplicités plutôt que des intersections, car elles se combinent et se recombinent de manière unique et complexe sans pour autant qu’elles se chevauchent. Ce ne sont pas simplement des intersections, des attributions simplement additives ou même soustractives; ils sont des multiplicateurs et, paradoxalement, à mesure qu’ils se multiplient, ils se divisent. J’inclus l’hétéronormativité comme norme et contexte également.

Je rejette les catégories. Pourquoi voyons-nous encore à travers leurs yeux? Les concepts multiculturels ne devraient pas seulement refléter ces catégories, mais devraient chercher à les détruire, à définir le discours.