Pourquoi les femmes ont-elles honte après une agression sexuelle?

Comme beaucoup de femmes, j'ai été victime d'agression sexuelle et, contrairement à beaucoup, j'ai écrit à ce sujet, parfois même en nommant la partie responsable, mais tant d'années plus tard. Cela m'est arrivé deux fois de la part de deux médecins en France. Le premier était un dermatologue qui, après m'avoir guéri d'un cas bénin d'acné juvénile (j'avais 17 ans!), Me dit alors: «Maintenant enlève ta robe, ma chérie, pour que je vérifie ton dos pour les boutons.

Intrigué, j'ai dit: "Mais je n'ai pas de boutons sur mon dos."

"Eh bien, jetons un coup d'œil," insista-t-il. Un homme, un médecin, tellement plus âgé que moi, j'ai senti qu'il était essentiel d'obéir, et quand il a précédé pour profiter de la situation, et j'ai protesté, il est devenu tout à fait furieux, et j'ai été obligé de fuir dans son salon (il pratiquait chez lui) trébuchant presque sur les jouets des enfants. Il ne m'est jamais venu à l'esprit d'aviser la police, ni même la personne qui avait recommandé le médecin. Pourquoi ai-je été un tel imbécile, je me suis demandé. Pourquoi étais-je si obéissant, si stupide, si passif? C'était au début des années soixante. Je n'en ai jamais parlé avant plusieurs années.

Le deuxième cas était encore plus flagrant à mon avis. J'avais environ quinze ans de plus, une femme mariée, avec trois jeunes enfants et j'ai consulté un psychiatre parce que mon mari m'avait quitté pour une autre femme. Après quelques séances où j'avais répandu mon cœur, j'ai dit à l'homme à quel point j'étais coupable de l'action de mon mari, lui aussi, alors que je quittais son bureau un après-midi, m'a attrapé et m'a embrassé. Je me suis tenu là encore une fois permettant que cela se produise sans protestation.

Encore une fois je me suis enfui, bien que cette fois j'avais assez de rage dans mon cœur pour l'appeler au téléphone. J'ai dit avec colère, "Comment pourriez-vous! C'est comme commettre l'inceste!

"Bien" at-il dit, "il y a certains avantages à cela."

Encore une fois, je n'ai rien dit et n'ai jamais signalé le médecin qui avait été recommandé par l'hôpital américain de Paris. Même lorsque j'ai parlé de l'événement au psychiatre que j'ai consulté, je n'ai jamais nommé le docteur, un Dr Soubrier comme on l'appelait.

Je me sentais honteuse d'autant plus qu'il me semblait un homme si laid avec une tête chauve brillante et des costumes brillants et – est-ce possible? – une salle d'attente avec un plafond en forme de dôme où des amours peints pointaient vers les nuages. Comment aurais-je pu rester là dans l'ombre de son bureau et permettre cette étreinte? Je suis même retourné et j'ai continué à lui parler même s'il ne m'a plus jamais touché.

D'une façon ou d'une autre, ces actes flagrants ont toujours semblé aux femmes qui les ont subies être d'une manière bizarre de leur propre faute. L'un est souillé, irrémédiablement endommagé par l'expérience, et on ne peut qu'espérer qu'en prenant la parole, en s'exprimant, les femmes acquerront le courage et la force d'affronter l'agresseur et de s'assurer qu'il y a des conséquences pour ses actes. Avant tout, on espère épargner cette expérience aux autres femmes si les conséquences sont suffisamment graves pour que personne ne l'essaie de nouveau.

Source: Sheila Kohler

Sheila Kohler est l'auteur de 14 livres. Ses mémoires, Once We Were Sisters, sortiront en janvier.