Suis-je le jouet de mon chat?

Les propriétaires d'animaux domestiques peuvent poser une question similaire à celle posée par le philosophe français Montaigne (1552-1592): "Quand je joue avec mon chat, qui sait si je ne suis pas un passe-temps pour elle plus que pour moi?" aussi. Quand nous regardons notre chien se tordre et offrir quelques woofs dans son sommeil, nous nous demandons s'il rêve d'un lapin de la même façon que nous rêvons.

Ce sont de véritables questions pour Montaigne. Il pensait qu'il avait quelque chose à apprendre des animaux. Il est remarquable qu'à l'époque de Montaigne, beaucoup d'humains pensaient que les animaux n'étaient pas vraiment sensibles et n'avaient pas de douleur.

Montaigne était profondément soucieux de comprendre comment il était en tant qu'être humain. Il n'était pas intéressé à faire de grandes revendications sur l'humanité ou la nature humaine. Il n'était pas un Big System Builder. Au contraire, il était intéressé à faire seulement des proclamations sur un homme lui-même.

Pour Montaigne, s'il ne se comprend pas, il ne peut vraiment pas comprendre beaucoup d'autres choses qui se passent dans le monde. Sans auto-compréhension, il ne peut vraiment pas être heureux. Il aura des attentes biaisées parce qu'il ne sait pas vraiment ce qu'il veut ou comment l'obtenir. Ce qu'il obtiendra, c'est de la misère.

Mais comment Montaigne va-t-il se comprendre? Ses essais sont pleins de ses observations de sa vie quotidienne. Il se transforme en objet d'étude, parfois avec humour ou avec une perplexité déconcertante envers lui-même. Il écrit à propos de ses calculs rénaux, des préférences de vin, et même de son pénis. Il cite souvent aussi Platon, Ovide, Cicéron, Pline et de nombreux auteurs classiques. Aujourd'hui, certains pourraient dire que Montaigne est coupable de TMI-Too Much Information. Mais à Montaigne, la banalité de la vie est la substance de la vie. C'est l'étoffe de la philosophie.

L'une des méthodes que cultivait Montaigne était d'imaginer le monde à partir de perspectives radicalement différentes de la sienne. La question est que l'on ne peut souvent pas voir ce qu'il a sous les yeux parce qu'il est si familier. Donc, en un sens, Montaigne avait besoin de changer de lunettes pour se voir et voir le monde différemment. Il a compris qu'en regardant les autres (humains et non-humains), il pouvait se voir mieux parce qu'il avait une image plus complète de lui-même et du monde. Il obtient une image plus complète de lui-même quand il vient à comprendre comment les autres le voient. Il obtient une image plus complète du monde en essayant d'imaginer ce qu'un chien reniflant éprouve que lui en tant qu'humain ne peut pas.

Qu'est-ce que c'est que de contempler qu'il est le jouet de son chat ou qu'il a quelque chose à apprendre d'un chien? C'est une inversion remarquable de ce qui était supposé être l'ordre naturel des choses. C'est un désinvestissement de l'arrogance. L'arrogance est peut-être le plus grand obstacle à la compréhension et à la compréhension du monde, et c'est donc une cible spéciale de Montaigne. Il écrit: "sur le plus haut trône du monde, nous sommes assis, toujours, sur nos croupes."

Remplacer l'arrogance est la vertu de l'humilité. L'humilité crée une attitude d'ouverture qui permet une plus grande compréhension de soi.

L'approche de Montaigne à la compréhension de soi est utile pour les personnes aux prises avec une dépendance et vivant en rétablissement. Montaigne nous invite à reconnaître les dangers qui découlent d'un manque d'imagination chez les toxicomanes actifs et même (ou surtout) chez les personnes en rétablissement.

Si l'on croit avec arrogance qu'il voit le monde correctement, avec exactitude et pleinement, il est fermé à la possibilité qu'il puisse apprendre quelque chose de quelqu'un d'autre. Il ne peut s'imaginer dans une position similaire à ces autres personnes parce que, d'une certaine façon, il se voit comme étant différent (et supérieur) en nature.

Dans le cas d'un toxicomane actif qui minimise ou nie son problème, il ne peut pas imaginer que les gens en convalescence – des gens comme ça – ont quelque chose à lui offrir. Il ne peut pas se voir en eux et ne peut pas se voir à travers leurs yeux. Cette incapacité de se voir lui-même le rend inaccessible à la possibilité qu'il se rende malheureux et, plus optimiste, que sa vie soit différente ou meilleure.

Les personnes en convalescence peuvent aussi avoir de l'arrogance à propos de leur sobriété qui limite l'imagination et conduit à une étroitesse d'esprit. Si une personne sobre croit avoir vaincu cette addiction, sait tout ce qu'il doit savoir sur lui-même, y compris qu'il ne rechutera jamais, il ne peut pas imaginer qu'il pourrait apprendre de la personne qui a rechuté. Il ne peut pas imaginer à quel point sa vie pourrait changer radicalement. Il n'est pas ouvert à la possibilité qu'il puisse perdre tout ce qu'il a. Il n'est pas non plus ouvert à la possibilité que ces gens l'aident à garder ce qu'il a et puisse aider à rendre la vie encore meilleure.

Comment peut-on commencer à cultiver la capacité de l'imagination comme un moyen d'être ouvert aux possibilités? En apprenant à écouter. Cela semble basique et ordinaire mais Montaigne nous amène droit au basique et ordinaire. Nous nous asseyons sur nos croupes et nous écoutons. Ensuite, nous en écoutons d'autres, en particulier ceux qui semblent si différents de nous et de qui nous ne sommes pas sûrs que nous puissions apprendre quoi que ce soit.