Au-delà du test d'endurance

Josephine Ensign
Source: Josephine Ensign

Ces temps sombres et incertains exigent toute notre attention, notre compassion et notre capacité à supporter ce que nous pensions pouvoir endurer. Et par là, je ne parle pas d'une souffrance passive ou d'une sorte d'endurance masochiste et malsaine. Je ne parle pas non plus de résilience, de la notion de saccharine selon laquelle le corps humain, la psyché humaine et même des communautés entières (ou des pays) peuvent être comme des métaux chauffés – stressés et étirés sans être brisés – qu'ils peuvent rebondir, revenir à l'état stable et peut-être être plus fort et plus sage pour l'expérience?

Paul Farmer, médecin et expert en santé mondiale, nous rappelle que «la capacité de souffrir fait clairement partie de l'être humain. Mais toutes les souffrances ne sont pas égales, malgré des politiques identitaires pernicieuses et souvent égoïstes qui suggèrent le contraire. »(1)

Le traumatisme n'arrive jamais seul. Un traumatisme individuel se répercute aussi bien vers l'intérieur que vers l'intérieur. Souffrir d'un traumatisme est toujours un processus social; se remettre d'un traumatisme est toujours un processus social.

La résilience, que ce soit d'un individu ou d'une communauté (ou d'un pays tel que nous sommes confrontés), même si c'était possible, serait-elle souhaitable? Si la plupart des traumatismes, la plupart des catastrophes, sont causés au moins en partie par des problèmes de (social) justice sociale, voulons-nous revenir à la normale, au statu quo après que nos mondes, nos corps, nos communautés ont été ébranlés? fondations, ont été brûlés par le feu, ont été altérés et marqués en permanence? Contourner le danger de glorifier le traumatisme, de nourrir une addiction à la souffrance et à la souffrance trop abondante dans notre monde, c'est reconnaître que la guérison individuelle et communautaire «signifie la réparation mais aussi la transformation-transformation vers un état moral différent». (2) Et cela signifie endurer, continuer, faire ce que nous pouvons individuellement et collectivement pour transformer le monde pour le mieux.

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Adapté de mon livre manuscrit pour Soul Stories: Voices from the Margins.

Sources de citations:

Paul Farmer. "Sur la souffrance et la violence structurelle: une vue d'en bas." Dans: Violence dans la guerre et la paix. Edité par Nancy Scheper-Hughes et Philippe Bourgois. (New York: publication de Blackwell, 2004). pp 281-289. La citation est de p. 288.

Veena Das et Arthur Kleinman, «Introduction», dans Remake a World: La violence, la souffrance sociale et la récupération, ed., Veena Das, Arthur Kleinman, Margaret Lock, Mamphela Ramphele et Pamela Reynolds (Berkeley: University of California Press, 2001). ), 23. (Citation tirée de «Introduction», pages 1-30, extrait de la page 23)

Voir aussi: Arthur Kleinman, "L'art de la médecine: comment nous endurons" The Lancet. 11 janvier 2014. Vol 383. pp 119-120.