Dépasser le mythe de l’anxiété chez les adolescents

Réponse à un article d’opinion du New York Times

Anna Parini/New York Times

Source: Anna Parini / New York Times

Le 7 septembre, le docteur Richard Friedman, psychiatre et auteur d’opinion au New York Times, a écrit un article intitulé «Le grand mythe de l’anxiété chez les adolescentes». Dans ses propres mots, il nous dit de «se détendre… parce que l’ère numérique ne détruit pas le cerveau de votre enfant». Comme on peut le lire dans ma propre lettre d’opinion écrite au cours de l’été, je partage Friedman a écrit. Mais je suis également profondément préoccupé par le fait que le Dr Friedman ait minimisé l’importance de la crise de santé publique que représente l’anxiété chez les jeunes et omis des points importants concernant les causes et les solutions de l’anxiété. Une grande partie de ma réaction peut être lue dans une lettre au rédacteur en chef du New York Times, publiée dimanche dernier, mais je développe certaines de ces idées ci-dessous.

Tout d’abord, en parlant du «mythe» de l’épidémie d’anxiété chez les adolescents, il omet de souligner que, quelle qu’en soit la cause, des millions d’adolescents souffrent d’anxiété. Il cite le rapport de Merikangas et ses collègues sur l’enquête clinique sur la santé mentale des adolescents aux États-Unis. Cette étude a montré qu’à l’âge de 18 ans, près du tiers des jeunes manifestaient des symptômes d’anxiété suffisamment graves pour mériter un diagnostic. Cela signifie que des millions d’adolescents sont aux prises avec une anxiété débilitante. Il rejette rapidement l’idée que ces taux alarmants d’anxiété sont causés par la technologie, un point de vue auquel je suis sympathique. Cependant, il exclut également la possibilité que la technologie contribue au cycle de l’anxiété de manière importante et évitable. Il y a de bonnes raisons de croire qu’il a tort de le faire.

Deuxièmement, je conviens avec le Dr Friedman que les enfants et les adolescents sont confrontés à un monde qui suscite l’anxiété, la détresse est donc en grande partie normale. Mais rejeter l’instinct des parents selon lequel nos enfants ont des problèmes et que la technologie fait peut-être partie du problème (“détendez-vous,” nous exhorte), risque d’être à la fois erroné et condescendant. Tous les parents concernés ne sont pas des parents en hélicoptère, appelant le psy – s’ils en ont même les moyens – pour surveiller leur enfant après une rupture difficile. La sagesse des parents est que, même lorsque nous ne savons pas quoi faire ni comment aider, nous savons que tout va mal pour nos enfants. Nous savons tous que quelque chose ne va pas dans la relation de nos enfants (et de notre) avec la technologie numérique.

Enfin, le Dr Friedman affirme, comme beaucoup d’autres avant lui, que les smartphones et les jeux vidéo ne sont qu’une autre innovation technologique à l’origine de la panique existentielle. Je ne suis pas d’accord. Il existe une différence qualitative entre les préoccupations concernant la télévision et la «pourriture du cerveau» et les préoccupations relatives à notre écosystème numérique actuel. La télévision n’a pas été conçue pour servir de médiateur dans nos vies, aller partout avec nous, suivre nos achats et nos mouvements ou écouter nos conversations. Mes parents n’ont jamais eu à s’inquiéter des trolls et des ennemis de l’Internet pendant les dessins animés du samedi matin.

Le Dr Friedman nous rappelle à juste titre de prendre du recul et de cesser de blâmer la technologie pour les souffrances de nos enfants, et que la détresse est normale et saine. Mais j’espère qu’il se souvient de la sagesse des parents et apprécie l’excellente recherche en cours pour faire ressortir les liens qui unissent l’anxiété à la technologie afin que nous puissions trouver de vraies solutions.