Les menteurs sont-ils moins humains?

Une nouvelle recherche révèle le lien entre la déshumanisation et le comportement contraire à l’éthique.

J Walters/Shutterstock

Source: J Walters / Shutterstock

La plupart d’entre nous ne pensent pas que les animaux se soucient de la moralité. Du moins, pas comme les humains. Tandis que les animaux agissent instinctivement pour survivre, les êtres humains sont uniques dans notre capacité à raisonner entre le bien et le mal. En fait, les recherches démontrent que les gens croient que la sensibilité morale nous distingue des autres animaux.

Les gens pensent que seuls les humains peuvent être moraux. Cela pourrait-il signifier que les gens se sentent moins humains après avoir mal agi?

C’est la question que Maryam Kouchaki, Kyle Dobson, Adam Waytz et Nour Kteily ont exploré dans un article de recherche récent. Il s’intitule «Le lien entre la déshumanisation de soi et le comportement immoral».

Premièrement, ils voulaient savoir si le fait de se comporter de manière non éthique amène les gens à se considérer comme moins humains.

Pour le savoir, les chercheurs ont conçu une expérience. Premièrement, ils ont divisé les participants en trois groupes. Il y avait une condition éthique, une condition contraire à l’éthique et une condition neutre. Les chercheurs ont demandé aux participants de rappeler un souvenir et d’écrire un court essai à ce sujet.

Sur le plan de l’éthique, les participants ont parlé d’une occasion où ils ont fait quelque chose de bien. Dans des conditions contraires à l’éthique, les participants ont écrit à propos d’une occasion où ils ont fait quelque chose de mal. À l’état neutre, ils ont écrit comment ils passaient leurs soirées. Les chercheurs ont demandé aux participants de donner beaucoup de détails. Ils ont dit aux participants de s’assurer qu’une personne qui lisait le présent document pouvait comprendre ce qu’ils avaient vécu et ce qu’ils ressentaient.

Les chercheurs ont ensuite demandé aux participants de compléter 10 éléments de l’échelle d’attribution mentale. Les chercheurs ont utilisé cette échelle pour mesurer l’autodéshumanisation chez les participants. Il pose des questions telles que «Dans quelle mesure es-tu capable de faire des choses volontairement?» Et «Dans quelle mesure es-tu capable d’éprouver des émotions?

Les personnes qui ont écrit à propos d’une époque où elles ont fait quelque chose de mal se sont attribué moins de qualités humaines que celles qui se sont souvenues d’une époque où elles ont fait quelque chose de bien. En se rappelant des comportements contraires à l’éthique, ils se sont perçus comme moins humains.

Les chercheurs ont ensuite conçu une variante de cette expérience. Pour cette expérience, les chercheurs ont demandé aux participants d’écrire sur l’honnêteté ou la malhonnêteté. C’est parce qu’ils voulaient limiter le nombre de souvenirs rappelés par les participants.

Kouchaki et ses collègues ont à nouveau divisé les participants en trois groupes. Un groupe de participants a écrit à propos d’une occasion où ils se sont comportés de manière non éthique en mentant. Un deuxième groupe a écrit à propos d’une fois où ils se sont conduits éthiquement en étant honnêtes. Un troisième groupe a écrit sur la façon dont ils passaient leurs soirées.

Ensuite, ils ont complété la même échelle en interrogeant leurs capacités humaines.

Les personnes qui ont écrit sur la malhonnêteté se sont attribué moins de traits humains que celles qui ont écrit sur l’honnêteté. En se rappelant un comportement malhonnête, ils se sont perçus comme moins humains.

Dans une deuxième série d’expériences, les chercheurs ont posé la question inverse. L’auto-déshumanisation entraîne-t-elle un comportement contraire à l’éthique? Les participants à la première série d’études s’assignaient moins de traits humains après avoir écrit sur le mauvais comportement.

Si les gens se sentent déshumanisés, ils pourraient alors être plus susceptibles de se comporter de manière non éthique.

Pour explorer cette question, Kouchaki et ses collègues ont divisé les participants en deux groupes. Un groupe a écrit à propos d’une fois où il n’avait pas l’impression de disposer de toutes ses capacités humaines.

Quelques exemples incluent:

  • Se sentir comme s’ils n’étaient pas capables de se contrôler
  • Incapable de faire des projets et d’agir intentionnellement
  • Pas capable de bien se souvenir des choses
  • Pas capable d’éprouver des sentiments et des émotions
  • Pas capable de ressentir de la douleur ou du plaisir.

Un deuxième groupe a écrit sur leurs routines du matin.

Ensuite, les participants des deux groupes ont joué à un jeu pour gagner de l’argent. Ils ont résolu des énigmes qui consistaient à déchiffrer des lettres pour épeler un mot anglais. Les chercheurs ont dit aux participants qu’ils seraient payés en fonction du nombre de mots qu’ils ont déchiffrés. Ils leur ont également dit qu’ils ne vérifieraient pas si les participants avaient effectivement résolu les énigmes.

Mais il y avait une différence: les chercheurs ont conçu l’un des mots comme étant insoluble. C’était pour mesurer qui tricherait.

 Andrea Danti/Shutterstock

Source: Andrea Danti / Shutterstock

L’expérience a révélé que les participants qui parlaient d’une période où ils n’avaient pas les capacités humaines suffisantes étaient plus susceptibles de dire qu’ils avaient résolu l’anagramme insoluble.

En fait, près de la moitié des membres du groupe d’autodéshumanisation ont triché. Ceci est comparé à moins du tiers de ceux du groupe neutre.

Ainsi, il semble que les comportements contraires à l’éthique amènent les gens à se considérer comme moins humains. Et le fait de se considérer comme moins humain amène les gens à se comporter de manière plus contraire à l’éthique. Une implication de cela est que le fait de convaincre les gens de pleinement croire en leurs qualités humaines et de les épanouir peut renforcer leur moralité.

Les chercheurs concluent leur article, “L’élimination de la déshumanisation de soi pourrait amener les gens à croire qu’ils sont bons et humains et les inciter à jouer ce rôle.”