Quelle est la différence entre l'artiste et l'auteur?

Hier soir, j'ai pris un verre avec un ami qui est aussi un bon artiste que j'admire. Nous parlions de nos différentes disciplines: l'écrivain et l'artiste, les mots et les images.

Jean disait que nous vivions dans un monde de mots, qu'elle avait été obligée, pour promouvoir son travail de traduire des images en mots, de les décrire, de les expliquer, de justifier la position d'une ligne ou d'une ombre, un processus ce qui est assez étranger pour elle, difficile et parfois absurde.

Elle m'a dit que lorsqu'elle dessine, elle ne pense pas consciemment avec des mots. Elle ne pense délibérément pas: bras, coude ou œil, mais laisse sa main faire la réflexion. Elle dérange, dit-elle en riant, jusqu'à ce qu'elle fasse quelque chose qui lui plaise.

Je soutenais qu'au contraire, il me semblait que les gens vivaient aujourd'hui avec des images: leur regard fixé sur un jeu vidéo ou une personne célèbre, ou un défilé de mode sur internet ou au mieux errant dans de grandes foules à travers les musées. "L'image a remplacé le mot", ai-je dit. J'ai parlé du récent béguin à l'exposition de Matisse à Moma où nous étions partis tôt le matin pour éviter la foule seulement pour nous trouver à peine capable d'avancer. "J'étais jaloux", avouai-je. Ces foules ne lisent plus de livres.

Jean et moi avons eu le privilège de nous rencontrer il y a quelques années à l'American Academy de Rome. C'était fin juin et l'ancienne ville était déjà chaude. L'Académie américaine se trouve sur l'une des sept collines de Rome, le Gianicolo. De la fenêtre de mon studio, je pouvais regarder toute la grande ville qui brillait devant moi.

Chaque matin, de bonne heure, alors que je mangeais ma brioche et que je buvais un cappuccino dans la cour, je voyais Jean, déjà vêtue de son chapeau de paille et de ses souliers confortables. Elle me saluait gaiement et je la regardais descendre les marches, s'avançant vaillamment dans la lumière scintillante comme un chasseur à la recherche de sa proie, une statue ou une gravure qu'elle rendrait patiemment et laborieusement dans un dessin détaillé, revenant au crépuscule, un peu échevelé et poussiéreux mais content.

Je passais la majeure partie de ma journée dans mon studio à étudier les images vacillantes de mon esprit, transcrissant progressivement une scène de mon passé et de mon imagination en mots sur la page. Peu à peu, la scène devint plus claire dans mon esprit lorsque je la transcris en mots sur la page. C'était presque un processus diamétralement différent.

Peut-être, cependant, d'une manière fondamentale ce processus de duplication, ce besoin d'enregistrer, répéter, préserver pour toujours, n'est pas entièrement différent. L'écrivain ou de toute façon celui-ci travaille de manière similaire à l'artiste, les images flottant du passé, l'imagination, trouvant une forme dans les mots sur la page alors que l'artiste prend la réalité, la filtrant dans son esprit et produisant quelque chose de différent. page.

Sheila Kohler est l'auteur de nombreux livres, dont Becoming Jane Eyre et le récent Dreaming for Freud.

Devenir Jane Eyre: Un Roman (Penguin Original) par Sheila Kohler Penguin Books cliquez ici

Rêver pour Freud: un roman de Sheila Kohler Penguin Books cliquez ici

Avec un beau dessin de Jean Marcellino.