Technologie: Soyez concentré, soyez heureux

La recherche récente qui a fait les rondes de médias récemment a rapporté que quand les gens sont concentrés sur une tâche ils indiquent qu'ils sont plus heureux que quand leur esprit vagabonde. Cette recherche n'est évidemment pas une information de dernière heure pour les dizaines de millions de bouddhistes et d'autres personnes innombrables qui ont vécu le phénomène d'être «présent» ou «dans le maintenant» de première main. Tout simplement, être dans le moment nous permet de vivre pleinement ce que nous faisons et de profiter pleinement de ce que l'expérience a à offrir. En revanche, laisser notre esprit vagabonder ou permettre à notre esprit d'être distrait empêche constamment cet état de «flux» et, comme le suggèrent les faits récents, nous rend moins heureux.

Cette découverte est un autre exemple de la science confirmant ce que nous savons déjà. En même temps, savoir quelque chose intuitivement ne sonne pas assez fort pour que nous puissions reconnaître l'impact subtil, quoique significatif, qu'il peut avoir sur nos vies. Donc nous dire ce que nous savons déjà peut nous aider à relier des phénomènes cruciaux à la façon dont nous vivons nos vies.

Les implications sur ces résultats, ainsi que d'autres recherches récentes démontrant que le multitâche interfère avec l'efficacité, la performance et la productivité, remettent en question la façon dont la plupart d'entre nous utilisent (et souvent abusent) les nouvelles technologies et les médias sociaux. Considère ceci. Pourquoi les gens s'engageraient-ils dans des activités qui les rendent à la fois moins productifs et plus malheureux? Pourtant, c'est exactement ce que beaucoup d'entre nous semblent faire quand nous faisons plusieurs tâches ou utilisons la technologie d'une manière qui nous empêche de nous concentrer sur la tâche à accomplir.

Considérez comment nous fonctionnions au travail, à l'école ou à la maison. Nous aurions un projet que nous devions accomplir, alors nous arrêterions ce que nous faisions (par exemple, lire un livre, tondre la pelouse) et diriger notre attention sur la tâche à accomplir. La plus grande distraction à laquelle nous pourrions être confrontés pourrait être un appel téléphonique, une personne entrant dans la pièce, ou l'ennui et le désir de faire quelque chose de différent. Dans tous ces cas, nous devions arrêter ce que nous faisions et nous concentrer sur la distraction jusqu'à ce que nous ayons fini, puis nous réengager avec notre tâche originale. Ainsi, la primauté même et la rareté des distractions passées nous ont permis de rester concentrés sur ce que nous faisions pendant de longues périodes. Le résultat? Nous étions généralement productifs et, si nous en croyons la recherche, nous sommes plutôt heureux.

Maintenant, avançons une génération au présent. Les nouvelles technologies, comme les téléphones mobiles, les courriels, les textos, le Web et, plus particulièrement, Twitter, Facebook, MySpace et d'autres médias sociaux, nous permettent d'être constamment dans un état de distraction (ce que nous appelons euphémiquement multitâche). Notre capacité à nous immerger dans une seule activité devient un art perdu. Les activités d'intérieur ont été longtemps cooptées par des distractions technologiques. Au bureau, chez nous, à la salle de sport, au cinéma, à l'école, nulle part n'est à l'abri de ces intrusions. Mais maintenant, le plein air, autrefois très apprécié des fuites du monde occupé dans lequel nous vivons, a été envahi par la technologie. Par exemple, il est rare ces jours-ci de voir des coureurs sans casque dans leurs oreilles (il devient même de plus en plus courant en faisant du vélo et du ski).

Pourquoi ce besoin constant de distraction? Il se peut que, dans ce monde troublé où nous vivons, des distractions constantes nous permettent d'échapper aux nombreux problèmes incontrôlables auxquels nous sommes confrontés (par exemple, l'économie, les guerres, le terrorisme). Ou, l'avènement de ce nouveau monde connecté nous a amenés à changer nos attitudes, nos attentes, notre comportement et, par conséquent, nos habitudes d'une manière que nous n'avons pas eu le temps de saisir pleinement ni le temps de changer maintenant qu'ils sont retranchés. Ou, comme d'autres recherches l'ont démontré, la connectivité continue produit des changements neurochimiques dans notre cerveau, qui s'apparentent à l'usage de drogues et au jeu.

Mais, ma théorie est que, dans nos vies toujours connectées, constamment en mouvement, d'une profondeur à l'autre, nous avons perdu le contact avec ce qu'est le vrai bonheur. Nous confondons la stimulation, le plaisir momentané, et le high neurochimique pour le bonheur réel qui, selon la recherche, provient en réalité de relations significatives, de buts appréciés et, oui, d'absorption dans une activité.

Paradoxalement, il existe d'autres recherches émergentes qui ont montré que les gens peuvent s'absorber très profondément dans la technologie, par exemple, les jeux vidéo et les médias sociaux, passer des heures sans distraction, et entièrement ciblés. Mais, comme je viens de le mentionner, cette concentration semble se produire en raison des «solutions» neurochimiques offertes par la nouvelle technologie. Mais, d'une manière ou d'une autre, ce type d'absorption me semble qualitativement différent de celui qui se produit lorsque nous sommes enveloppés et attirés dans la vie.

Il se peut que nous perdions notre capacité de concentration et que cette diminution puisse avoir de sérieuses implications pour nous individuellement et collectivement. Mais, si cette recherche récente s'avère exacte, alors ma plus grande crainte n'est pas que cela nuise à notre productivité collective, bien que ces ramifications apparaissent déjà dans le monde des affaires, où l'utilisation du courriel personnel et de la navigation sur le Web péage, et sur la route, où l'utilisation du téléphone mobile et les textos ont coûté des vies.

À un niveau plus élémentaire, mon souci est que nous perdions notre capacité à nous absorber et à trouver du plaisir dans les minuties de la vie: la subtilité de la langue écrite trouvée dans un livre, l'odeur des lilas pendant une promenade, la vue d'un colibri extrayant le nectar d'une fleur, le plaisir intellectuel et émotionnel d'une conversation stimulante. Et sans ces «plaisirs simples», ce qui sera le plus perdu, ce sera la profondeur du bonheur qui ne peut venir que d'un engagement sans intermédiaire, complet et sublime dans la vie.