Comment l’imagination vive peut-elle aider les gens à désapprendre la peur

L’imagination peut créer une réalité neurologique qui aide le cerveau à désapprendre de la peur.

 PHOTOCREO Michal Bednarek/Shutterstock

Source: PHOTOCREO Michal Bednarek / Shutterstock

La peur affaiblie mine la qualité de vie quotidienne d’innombrables personnes dans le monde. On estime qu’environ le tiers des Américains ont un trouble d’anxiété ou une phobie lié à la menace. Environ 7% des personnes vivant aux États-Unis auraient eu un trouble de stress post-traumatique à un moment donné.

Depuis les années 1950, l’outil de lutte contre la menace le plus couramment utilisé pour «éteindre» la peur d’un stimulus spécifique (par exemple, araignées, ascenseurs, voyages en avion) ​​est une méthode appelée «thérapie par exposition».

Au cours de la thérapie par exposition, une personne ayant une peur invalidante est exposée de manière répétée à des menaces raisonnables à sa menace réelle, tandis qu’un clinicien professionnel tient la main de la personne au sens littéral ou figuré tout au long du processus. Au fil du temps, lorsque l’esprit et le corps réalisent que la menace est inoffensive, le cerveau commence lentement à désapprendre de la peur. Le système nerveux autonome est également reconditionné pour rester calme dans ces situations. Il n’y a donc pas de réponse automatique au stress de combat ou de fuite lorsqu’il est exposé au stimulus «menaçant».

Pour des raisons évidentes, la thérapie d’exposition peut parfois être peu pratique ou coûteuse (par exemple, les frais de transport aérien). Malheureusement, il existe peu d’alternatives testées cliniquement pour lutter contre la peur du désapprentissage. Mais il y a un nouvel espoir à l’horizon pour ceux qui souffrent de troubles liés à la menace.

Une nouvelle étude réalisée par le Wager Lab de l’Université du Colorado à Boulder montre à quel point l’imagination peut être un outil efficace pour simuler une nouvelle exposition à une menace de manière à atténuer sa réaction. Cette étude, intitulée «Atténuation de l’expression de la menace neuronale par l’imagination», a récemment été publiée dans la revue Neuron .

Ernest Mross/CU Boulder

Marianne Cumella Reddan dans son bureau de l’Université du Colorado à Boulder.

Source: Ernest Mross / CU Boulder

Comme l’expliquent les auteurs, «cette enquête démontre l’utilité de l’imagination en tant qu’outil d’extinction de la menace et propose un mécanisme neuronal d’extinction imaginaire comprenant un réseau de régions cérébrales reconnues pour soutenir l’apprentissage par extinction réelle. Ces résultats élargissent notre compréhension de la façon dont le cerveau humain modifie les représentations de la menace et, par conséquent, de notre capacité à traiter les troubles liés à la menace en utilisant une action mentale. ”

Pour cette étude, l’auteur principal Marianne Cumella Reddan et ses collègues ont utilisé l’imagerie cérébrale IRMf pour déterminer comment, après la réponse d’une menace à une situation réelle, une exposition imaginaire au stimulus menaçant pourrait influer sur la réponse neurale et physiologique au stimulus. «Ces nouvelles découvertes jettent un pont entre la pratique clinique et les neurosciences cognitives. Il s’agit de la première étude neuroscientifique à montrer que l’imagination d’une menace peut réellement modifier la façon dont elle est représentée dans le cerveau », a déclaré Reddan dans un communiqué.

En ce qui concerne les mécanismes neuronaux derrière l’apprentissage de la peur par l’apprentissage de la peur, les auteurs expliquent: «L’extinction imaginaire, comme une extinction réelle, engage le cortex préfrontal ventromédial, l’amygdale et les cortex perceptuels associés. L’activité de Nucleus accumbens prédit la capacité d’un individu à s’éteindre avec succès grâce à son imagination. ”

Comme le montre le graphique ci-dessous, Reddan et al. a mis au point un nouveau modèle prédictif d’IRMf du cerveau entier pour vérifier dans quelle mesure une extinction imaginée réduit efficacement les réactions de menace dans le cerveau.

Cette expérience a été divisée en quatre phases. (1) Acquisition, (2) Extinction, (3) Rétablissement, (4) Re-extinction. Le modèle prédictif de menace a été appliqué en prenant le produit scalaire entre le modèle non limité et les cartes cérébrales spécifiques au participant. Le produit scalaire reflète l’ampleur de la similitude entre deux vecteurs.

Source: «Attentionner l’expression de la menace neurale par l’imagination» par Reddan et al. (Neuron, 2018)

Les auteurs résument leurs conclusions: «Nous avons constaté que les extinctions imaginaires et réelles sont tout aussi efficaces pour réduire les schémas neuronaux liés à la menace et les réponses physiologiques induites lors d’une nouvelle exposition à des signaux menaçants du monde réel».

Cette recherche suggère que l’imagination pourrait être un outil d’extinction de la menace pour désapprendre la peur plus efficace que ce que nous avons compris jusqu’à présent. «Si vous avez une mémoire qui ne vous est plus utile ou qui vous handicape, vous pouvez utiliser votre imagination pour l’exploiter, la modifier et la consolider, en mettant à jour votre façon de penser et de ressentir quelque chose», a conclu Reddan.

Les chercheurs notent que cette étude présente certaines limites. En outre, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier les meilleures pratiques permettant de rendre l’imagination universellement efficace. Par exemple, les personnes qui ont intrinsèquement une imagination plus active et plus vive sont sujettes à de plus grands changements cérébraux lors de la visualisation d’une menace perçue dans les yeux de l’esprit. Pour le moment, Tor Wager, coauteur principal de cet article, conseille à chacun d’entre nous de prêter une attention particulière à la manière dont nous utilisons l’imagination: «Vous pouvez utiliser l’imagination de manière constructive pour façonner ce que votre cerveau apprend de l’expérience».

Références

Marianne Cumella Reddan, Tor Dessart Wager et Daniela Schiller. «Atténuer l’expression de la menace neurale par l’imagination.» Neuron (première publication: le 21 novembre 2018) DOI: 10.1016 / j.neuron.2018.10.047