La maîtrise de soi chez les enfants est influencée par leur groupe de pairs

Le simple fait d’appartenir à un groupe peut avoir une incidence sur la maîtrise de soi de l’enfant.

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Source: Smith609 Creative Commons via Wikimedia

Les êtres humains sont une espèce sociale. En conséquence, une grande partie de votre comportement est affectée par ce que font les autres. Vous êtes plus susceptible de faire de l’exercice si vous passez du temps avec d’autres personnes qui font de l’exercice. Vous êtes plus susceptible de fumer si vous passez du temps avec d’autres fumeurs. Vous avez plus de chances de réussir à l’école si vos amis réussissent aussi bien à l’école.

Certains de ces effets proviennent de la manière dont les gens choisissent les groupes auxquels ils appartiennent. Si la réussite scolaire est importante pour vous, vous pourriez avoir l’impression d’être avec d’autres personnes ayant les mêmes valeurs. Une partie reflète également la contagion des objectifs. Lorsque vous voyez une personne se livrer à une activité, cela vous rend plus susceptible de vouloir faire la même chose.

La simple appartenance à un groupe est-elle importante? Dans quelle mesure ces comportements sont-ils affectés uniquement par votre conviction de faire partie d’un groupe particulier? Et pendant que nous y sommes, est-ce juste quelque chose qui arrive aux adolescents et aux adultes, ou le comportement des jeunes enfants est-il affecté par les groupes auxquels ils appartiennent?

Ces questions ont été explorées dans un article publié dans le numéro de mai 2018 de Psychological Science par Sabine Doebel et Yuko Munakata.

Ces études ont utilisé la tâche classique de guimauve comme mesure de maîtrise de soi. Dans la tâche de la guimauve, un enfant de 3 à 4 ans est assis devant une guimauve sur une assiette. L’expérimentateur dit à l’enfant qu’il peut manger la guimauve, mais s’il attend que l’expérimentateur quitte la pièce et en prenne une autre, il peut avoir deux guimauves à son retour. La durée pendant laquelle l’enfant attend avant de manger la guimauve est une mesure de maîtrise de soi. L’expérimentateur reste en dehors de la pièce pendant 15 minutes. Le temps d’attente maximal d’un enfant est donc de 15 minutes.

Dans une étude, les enfants ont été répartis en trois groupes. Dans tous les groupes, les participants ont été informés qu’ils sont maintenant membres de l’équipe verte. On leur donne une chemise verte à porter et montre des photos d’autres membres de l’équipe verte. On leur montre également des images d’un deuxième groupe d’enfants portant des chemises jaunes, qui font partie de l’équipe jaune.

Dans la condition de contrôle, les enfants ne reçoivent aucune autre information sur les équipes verte et jaune.

Dans la condition d’attente verte, les enfants sont informés que les membres des deux équipes ont passé le test de la guimauve et que les membres de l’équipe verte ont tous attendu le retour de l’expérimentateur, contrairement aux membres de l’équipe jaune.

Dans la condition d’attente jaune, les enfants sont informés que les membres des deux équipes ont passé le test de la guimauve et que les membres de l’équipe jaune ont tous attendu que l’expérimentateur revienne, contrairement aux membres de l’équipe verte.

Dans cette étude, les enfants en état d’attente ont attendu beaucoup plus longtemps (et étaient environ deux fois plus susceptibles d’attendre la totalité des 15 minutes) que les enfants en condition d’attente jaune ou la condition de contrôle. Donc, croire que vous faites partie d’un groupe qui a le contrôle de soi affecte votre performance dans la tâche de guimauve.

Une deuxième étude de cet article a relancé les conditions d’attente et d’attente jaunes et observé le même schéma de résultats. De plus, les enfants de cette étude ont été informés de deux autres enfants qui ne faisaient pas partie d’une équipe. Un enfant a attendu que l’expérimentateur revienne avant de manger une guimauve, tandis que l’autre à la guimauve avant que l’expérimentateur ne revienne. On a posé aux enfants plusieurs questions pour leur dire combien ils aimaient chaque enfant.

Les enfants dans la condition d’attente étaient plus susceptibles de préférer l’enfant qui attendait que l’expérimentateur revienne que les enfants dans la condition d’attente jaune. Cette découverte suggère que les enfants en viennent à apprécier un comportement qui distingue leur groupe de l’autre groupe.

Cette constatation est intéressante car elle ajoute une belle ride à l’influence de l’appartenance à un groupe sur les comportements qui nécessitent une maîtrise de soi. Cela suggère que le simple fait d’avoir une identité en tant que membre d’un groupe peut influer sur la maîtrise de soi et que cela peut se produire même chez des enfants assez jeunes.

Les références

Doebel, S. et Munakata, Y. (2018). Influences du groupe sur la maîtrise de soi: les enfants retardent la gratification et l’apprécient davantage lorsque leurs retards internes et leur groupe externe ne le sont pas. Psychological Science, 29 (5), 738-748.