La topographie émotionnelle du chagrin

Julia M. Schwartz
Source: Julia M. Schwartz

Ce blog est dédié à la mémoire d'Emily Sierra Schwartz Stolorow, une brillante star qui a illuminé notre monde jusqu'à sa mort tragique le jour de son 20e anniversaire le 3 juin 2015.

«Là où tu étais, il y a un trou dans le monde, que je me retrouve constamment à marcher le jour et à tomber la nuit. Tu me manques comme l'enfer. "- Edna St. Vincent Millay

Rappelant la vision des affects de Freud comme quanta de l'énergie embouteillée libérée de l'intérieur d'un appareil mental, le langage ordinaire parle souvent de chagrin en termes quantitatifs, comme venant dans de grandes vagues, un jaillissement ou une éruption de tristesse de l'intérieur. En accord avec le passage de la psychanalyse post-cartésienne de l'esprit au monde (Stolorow, 2011), nous décrivons ici l'impact de la perte sur la topographie de notre monde émotionnel – le paysage émotionnel dans lequel nous vivons.

L'impact de la perte et du chagrin sur notre monde émotionnel a été captivé par Jacques Derrida (2001):

"Le monde est suspendu par une déchirure unique … reflétant la disparition elle-même: le monde, le monde entier, le monde lui-même, car la mort nous prend non seulement une vie particulière dans le monde, un moment qui nous appartient mais, chaque fois, sans limite, quelqu'un par qui le monde, et d'abord notre propre monde, se sera ouvert … "(p.107).

La perte – particulièrement la perte traumatique ou tragique – crée une région sombre dans notre monde qui sera toujours là. Une vague de profonde tristesse s'abat sur nous chaque fois que nous pénétrons dans cette région de la perte. Là nous sommes laissés à la dérive dans un monde creusé, vidé de lumière. C'est une région sombre qui ne peut jamais être complètement éradiquée ou bouclée. L'injonction de «laisser aller et passer» est donc une absurdité. Il y aura toujours des «portkeys» dans les ténèbres – le royaume sombre dans lequel nous devons être émotionnellement tenus afin que la perte puisse être mieux supportée et intégrée (https://www.psychologytoday.com/blog/feeling-relating- existant / 201110 / tr …).

(Écrit en collaboration avec Julia M. Schwartz.)

Les références

Derrida, J. (2001). Le travail de deuil . Edité par P.-A. Brault et M. Naas. Chicago, IL: Université de Chicago Press.

Stolorow, RD (2011). Monde, Affectivité, Traumatisme: Psychanalyse heideggérienne et post-cartésienne. New York: Routledge. Lien: http://www.routledge.com/books/details/9780415893442/

Copyright Robert Stolorow et Julia Schwartz