Merci de ne pas partager

Sophie est dans l'agonie, refusant de quitter la maison, terrifiée de retourner à l'école à cause de ce qu'ils vont dire. "Ils le savent tous!" Dit-elle. "Même les enseignants! Tout le monde va dire des trucs! Je sais qu'ils le feront! Ils font toujours! "

Elle était dans le parc avec des garçons plus âgés quand l'un d'eux, faisant semblant de s'intéresser à elle, leur proposa de partir ensemble pour une promenade. Flattée, elle s'éloigna avec lui, pensant qu'ils pourraient parler ou même embrasser.

"Je ne savais pas, je l'ai fait! Je ne savais pas que j'allais y aller et ruiner toute ma vie!

Ils ont parlé et ils ont embrassé un peu. Mais ensuite, il lui a fait donner un coup de folie qu'elle détestait. Pire encore, quand elle a découvert qu'il était retourné et a dit à tous les autres garçons qui, à son tour, avaient dit au monde. En quelques heures, tout le monde savait ce que Sophie avait fait.

L'apprentissage de la vie privée est extrêmement important pour les jeunes: apprendre ce qu'il ne faut pas partager; qu'il y a des degrés d'intimité; cette confiance est relative; que vous disiez à certaines personnes certaines choses mais pas d'autres choses, que votre corps soit un autre de vos secrets à partager avec précaution. Et que c'est normal: on ne s'attend pas à tout dire à tout le monde ou à tout montrer à tout le monde.

Pour les petits enfants, la vie est plus simple: les choses sont complètement secrètes ou complètement ouvertes. Il n'y a pas de zones grises. Mais quand les enfants deviennent adolescents, tout ce secret devient trop intrigant. Dans le passé, c'était toujours amusant de faire confiance à son meilleur ami avec un secret, et c'était amusant d'être la personne de confiance, de ne le dire à personne. Mais maintenant, c'est plus amusant de risquer de parler à quelqu'un d'autre. Juste une personne. Eh bien, peut-être quelques personnes. Les raconter et voir comment ils réagissent.

C'est là que les ennuis commencent: les larmes, la colère, la honte, la haine. Une fois que les jeunes passent d'un seul meilleur ami à une variété d'amis, la vie privée devient un problème. Qui est-ce que je dis? Et combien dis-je? Est-ce normal de ne pas dire les choses aux gens? Ou est-ce méfiant? Est-ce le signe d'être un mauvais ami?

"Je ne voulais pas le faire en premier lieu", dit Sophie, "et je pensais pouvoir lui faire confiance! Je ne savais pas qu'il allait le dire à tout le monde! "

Elle apprend une horrible leçon à partir de laquelle elle va se remettre. Mais elle sera marquée.

Sans aide, il est très difficile pour les jeunes de lire les panneaux, de savoir ce qu'il faut partager et ce qu'il faut garder en privé. L'implication de tant de médias est que la vie privée est mauvaise et doit être exposée; que toute personne ayant une vie privée et gardant avec détermination cette vie privée doit avoir quelque chose de vraiment honteux à cacher. L'hypothèse populaire est que tout ce qui est caché doit être exposé.

Croyant cela, les jeunes s'envoient mutuellement (ou envoient des adultes violents) des photos nues d'eux-mêmes, par exemple, croyant que c'est cool et que leur ouverture sera respectée d'une manière ou d'une autre par la confiance et l'honnêteté. Ce n'est que plus tard qu'ils se rendent compte que les photos ont été partagées et ne peuvent plus être supprimées: tout le monde les a vues.

Flatté par son attention, Sophie pensait pouvoir faire confiance au garçon dans le parc.

"C'est normal de ne pas faire confiance aux gens", lui dis-je. "Ce n'est pas mentir. Ce n'est pas malhonnête. C'est juste choisir avec soin qui et quoi et si partager quelque chose avec quelqu'un. Même les gens qui s'aiment ne partagent pas nécessairement tout!