Thérapie neuroélectrique pour la gestion du sevrage des opioïdes

Les résultats préliminaires appellent une confirmation par de grandes études contrôlées

Besoin urgent d’améliorer la gestion du sevrage des opioïdes

Ceci est le deuxième article d’une série sur les approches non médicamenteuses de l’abus d’alcool et de drogues. La dépendance aux opioïdes est une crise de santé publique aux États-Unis. On estime que pas moins de 36 millions d’Américains consomment des analgésiques opioïdes sur ordonnance et environ 500 000 d’entre eux sont dépendants de l’héroïne. La gestion efficace du sevrage et de la désintoxication est essentielle au succès de l’arrêt du traitement à l’héroïne ou aux analgésiques opioïdes sur ordonnance. Les personnes en cours de désintoxication aux opioïdes sont plus susceptibles de quitter le traitement prématurément lorsque les symptômes de sevrage des opioïdes ne sont pas gérés de manière adéquate. Cet article passe en revue les résultats de la recherche sur la thérapie neuroélectrique, une approche qui utilise un courant électrique faible pour atténuer les symptômes de sevrage des opioïdes. Un prochain article passera en revue les données probantes sur le traitement neuroélectrique dans la gestion du sevrage alcoolique

Comment fonctionne la thérapie neuroélectrique

Le terme thérapie neuroélectrique est utilisé pour décrire la stimulation craniale par électrothérapie (CES) et la stimulation neuroélectrique transcrânienne (TES), deux techniques qui utilisent un courant électrique faible pour réduire les symptômes de sevrage des opiacés, telles que l’humeur dépressive, la douleur, l’agitation et l’insomnie. TES est largement utilisé en Allemagne pour la gestion des symptômes de sevrage. Les deux approches impliquent l’application d’un courant électrique faible à des points spécifiques du cuir chevelu ou des oreilles à intervalles réguliers pendant le sevrage aigu d’opiacés, d’alcool ou de nicotine. CES utilise généralement un seul réglage de fréquence, 100Hz. En revanche, les traitements TES utilisent plusieurs fréquences de pouls et formes d’ondes pour atténuer les symptômes de désintoxication, en fonction de la substance consommée et du stade de sevrage pris en charge. Contrairement aux approches pharmacologiques conventionnelles, la stimulation par micro-courant offre l’avantage important d’éviter l’utilisation d’autres narcotiques potentiellement addictifs lors de la prise en charge des symptômes de sevrage aux opiacés.

Le mécanisme d’action par lequel un courant électrique faible réduit les symptômes de sevrage de l’alcool et des opiacés implique la stimulation de la libération de peptides opioïdes cérébraux endogènes, y compris les endorphines, les enképhalines et autres, et peut être similaire au mécanisme biologique sous-jacent à l’électroacupuncture. Une étude récente suggère qu’un faible courant électrique pourrait moduler l’activité de l’amygdale ou d’autres régions du cerveau limbique, réduisant ainsi la douleur et les émotions désagréables fréquemment associées au sevrage des opioïdes (Miranda & Taca 2017).

Résultats de recherche incohérents

Après des décennies de recherche, les résultats sur l’efficacité de la thérapie neuroélectrique dans la gestion du sevrage des opioïdes sont incohérents.

Alors que certaines études font état d’avantages significatifs, d’autres font état de résultats négatifs ou équivoques. Dans une petite étude pilote rétrospective ouverte, des diagrammes ont été examinés pour 73 adultes traités pour un sevrage aigu d’opioïdes à l’aide d’un stimulateur nerveux électrique non invasif (Miranda & Taca 2017). La plupart des patients ont signalé une réduction rapide des symptômes de sevrage après 20 minutes de traitement, maintenue après un suivi de 5 jours. Suite au traitement avec le stimulateur nerveux, la majorité des patients ont été transférés avec succès à une thérapie assistée par un médicament conventionnel.

On pense que le mécanisme d’action implique la stimulation de l’amygdale (ou d’autres structures limbiques) entraînant une diminution de l’inconfort physique et de la dysphorie qui accompagnent fréquemment le sevrage des opioïdes. Les résultats d’une autre petite étude suggèrent que les personnes qui reçoivent une stimulation par micro-courant et de la méthadone présentent des symptômes de sevrage moins graves que celles qui utilisent la méthadone seule (Bakhshani, 2008). Une étude de 2013 sur des études contrôlées et non contrôlées et des rapports de cas sur la thérapie neuro-électrique a permis de trouver des preuves «généralement médiocres» de cette approche pour réduire le sevrage et le manque d’opiacés (Lincolnshire Knowledge and Research Service 2013).

Conclusion: plus de recherche nécessaire

La thérapie neuroélectrique doit être considérée comme une thérapie non médicamenteuse potentiellement efficace mais provisoire pour la gestion du sevrage des opioïdes. Les résultats de recherche incohérents peuvent refléter des différences méthodologiques dans la conception de l’étude, le petit nombre d’études contrôlées, des études de petite taille et l’absence de protocoles de traitement standardisés. En attente de confirmation par de grandes études bien conçues et contrôlées par un simulacre, un traitement neuroélectrique pourrait s’avérer un traitement pratique et abordable, sans traitement médicamenteux, du sevrage des opioïdes.

Références

Miranda, A; Taca, neuromodulation associée à une stimulation du champ nerveux électrique percutané est associée à une réduction des signes et des symptômes de sevrage des opioïdes: évaluation rétrospective multisite. Am J. Abus d’alcool et de drogues. 2018; 44 (1): 56-63.