Croire en la science renforce la croyance en la science du climat

La croyance scientifique aide à éviter les portraits partisans du changement climatique

Gustavo Quepon Unsplash

Source: Gustavo Quepon Unsplash

Dan Charles, correspondant de la National Public Radio (NPR), a récemment demandé aux auditeurs d’imaginer la vie dans un monde post-carbone. Le rapport nous emmène en 2050 et l’humanité a réussi à créer une économie mondiale sans émissions de gaz à effet de serre. L’expérience de pensée inspirante de Charles arrive au bon moment. De plus en plus d’Américains croient maintenant que le changement climatique est réel et que nos actions font la différence.

Dans une récente étude intitulée Climate Change in the American Mind, 62% des personnes interrogées ont compris que l’activité humaine était à l’origine du réchauffement climatique, une augmentation de 10 points de pourcentage depuis mars 2015. Toutefois, une autre enquête centrée sur l’appartenance politique a révélé une fracture idéologique. Seuls 40% des républicains conservateurs pensaient que le réchauffement climatique s’était produit – contre 95% des démocrates libéraux, 88% des démocrates modérés / conservateurs et 68% des républicains libéraux / modérés. Pourquoi la différence?

Hunter Gelbach, Carly Robinson et Christine Calderon Vriesema (2018) * estiment que les sceptiques et les croyants, ainsi que les croyants, attachent une grande importance aux relations avec leurs groupes sociaux, y compris les membres d’autres partis politiques ou ceux partageant leur vision du monde. Maintenir l’affiliation signifie souvent penser comme le groupe. Dans le même temps, les gens préfèrent également des informations qui correspondent à leur compréhension personnelle du monde. Des faits, des idées et des opinions contradictoires peuvent causer de la détresse. Pour se sentir mieux, il faut que quelque chose change, tel que ses pensées ou ses opinions, même si cela implique de contredire un groupe social.

Gehlbach et ses collègues ont mis à profit cette motivation pour la cohérence cognitive afin de voir s’ils pourraient changer l’opinion des sceptiques en science du climat en posant des questions sur leur croyance en la science avant de s’enquérir de leur croyance plus spécifique en la science du climat. Ils se sont demandé si une foi générale dans la science susciterait un scepticisme à propos de la science du climat.

Leur étude était trompeusement simple. 599 participants recrutés sur Amazon Turk, qui se sont identifiés comme conservateurs, modérés ou libéraux, ont été assignés au hasard à l’un des deux groupes, traitement et contrôle. Le groupe «traitement» a d’abord répondu à la croyance en la science. Ensuite, les deux groupes ont répondu à la croyance dans les éléments de la science du climat. Comme les auteurs l’avaient prédit, le traitement renforçait la confiance dans la science du climat pour l’ensemble de l’échantillon, mais il était plus efficace pour les participants plus conservateurs. Ainsi, lorsqu’elle était prête à prendre en compte la croyance personnelle en la science, la cohérence cognitive constituait un puissant obstacle à l’attrait social de l’appartenance politique.

Il est intéressant de noter que l’intervention n’a pas affecté les opinions des participants ayant une vision du monde plus hiérarchisée (moins égalitaire). Cela expose peut-être la diversité des points de vue de ceux qui s’identifient comme «conservateurs». L’égalitarisme se réfère au degré auquel les participants valorisent une plus grande égalité et une moindre hiérarchie sociale. Certaines personnes peuvent être économiquement conservatrices et socialement libérales (plus égalitaires) alors que d’autres pourraient être à la fois économiquement et socialement conservatrices. Comprendre ces différences peut être essentiel pour concevoir des communications efficaces sur les changements climatiques plus efficaces lorsqu’elles sont adaptées aux valeurs du public cible.

Néanmoins, Gehlbach et al. (2018) ont démontré une «preuve de concept» encourageante: nous faire croire à la crédibilité de la science pourrait nous aider à éviter les portraits partisans du changement climatique et à nous orienter vers une compréhension plus précise de la science du climat. De petits pas, mais dans la bonne direction, vers la création d’une économie mondiale sans émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

* Gehlbach, H., Robinson, CD et Vriesema, CC (2018). Tirer parti de la cohérence cognitive pour pousser les croyances conservatrices au changement climatique. Journal of Environmental Psychology, https://doi.org/10.1016/j.jenvp.2018.12.004

Références

Gehlbach, H., Robinson, CD et Vriesema, CC (2018). Tirer parti de la cohérence cognitive pour pousser les croyances conservatrices au changement climatique. Journal of Environmental Psychology, https://doi.org/10.1016/j.jenvp.2018.12.004