Mon année de repos et de détente

Un nouveau travail de fiction littéraire examine les utilisations et les abus de la psychopharmacologie.

Penguin Random House

Source: Pingouin Random House

Le narrateur de My Year of Rest and Relaxation d’Ottessa Moshfegh pourrait envisager de trouver un nouveau psychiatre. Lorsqu’elle parle pour la première fois avec le Dr Tuttle (au téléphone à 23 heures le mardi alors que Tuttle lave la vaisselle), le psychiatre lui dit: “Les plus grandes menaces pour le cerveau sont les fours à micro-ondes” et demande au narrateur si travaille pour le FBI, la DEA ou la FDA avant de consentir à un rendez-vous.

La narratrice cherche un psychiatre parce qu’elle a besoin d’aide pour dormir. Ne pas prendre les 7 à 9 heures recommandées par nuit, mais passer en veille prolongée. Comme elle l’explique, “je pensais que la vie serait plus tolérable si mon cerveau était plus lent à condamner le monde autour de moi … J’étais en proie à la misère, à l’anxiété, au désir d’échapper à la prison de mon esprit.”

Extérieurement, elle semble tenir le coup: elle est belle, vit dans un magnifique appartement à New York et travaille dans une galerie d’art branchée et légèrement transgressive. Elle ne semble pas souffrir d’une maladie mentale du DSM 5, mais plutôt d’une sorte d’angoisse existentielle. Elle a perdu ses deux parents, qui ne semblaient ni l’un ni l’autre prendre soin d’elle, et se retrouvait à la fin d’une longue relation qui impliquait surtout son petit ami beaucoup plus âgé qui l’utilisait pour avoir des rapports sexuels avec d’autres partenaires. Elle a une amie, Reva, qu’elle tolère à peine et elles s’utilisent toutes les deux à leur manière.

Alors elle choisit de dormir. La liste des pilules qu’elle prend comprend à peu près tous les médicaments psychiatriques (puis certains). Quand elle continue à signaler des problèmes de sommeil au Dr Tuttle afin de continuer à recevoir ses médicaments, Tuttle lui donne un nouveau médicament expérimental, Infermiterol (une invention de Moshfegh), qui lui fait subir des pannes de plusieurs jours. Elle essaie de reconstituer ses actions en se réveillant à chaque fois de la brume induite par l’Infermiterol et finit par élaborer un plan de sécurité avec l’aide d’un artiste hack.

Considéré comme un roman psychologique, le narrateur de Moshfegh a quelques problèmes sérieux qui méritent une thérapie soutenue. Comme il s’agit d’un roman d’une des voix les plus fascinantes et les plus étranges de la fiction contemporaine, cela ne se produit pas. L’hibernation du narrateur semble plutôt fonctionner; il fonctionne comme une sorte de réinitialisation matérielle qui libère le narrateur pour lui permettre de remodeler sa vie en fonction de ses propres attentes plutôt que de celles des autres. Le roman se termine le 11 septembre 2001, ce qui jette une ombre sur les pages précédentes. Reva meurt dans les tours jumelles, et la narratrice devient obsédée par l’image d’une femme qui tombe, diffusée à plusieurs reprises à la télévision: “La voilà, un être humain plongeant dans l’inconnu et elle est bien réveillée.”