Le coût psychologique inattendu du partage de selfies

Pour les jeunes femmes, poster des selfies diminue la confiance et augmente l’anxiété.

Vinicius Wiesehofer/Pexels

Source: Vinicius Wiesehofer / Pexels

En 2015, une statistique sur l’utilisation des médias sociaux a attiré l’attention d’Internet: «Plus de personnes sont mortes de selfies que d’attaques de requins cette année.» Pour être juste, très peu de personnes meurent soit de selfies, soit d’attaques de requins. Cependant, une vague de recherches continue de suggérer que l’utilisation des médias sociaux peut constituer un obstacle important à la santé mentale. Une nouvelle étude indique spécifiquement que les selfies sont une activité visant à réduire la confiance en soi et l’humeur.

L’utilisation des médias sociaux a été liée à la dépression, à l’anxiété, à l’insatisfaction corporelle et à l’accent accru mis sur l’apparence. Ces effets sont assez larges, mais ils semblent toucher particulièrement les jeunes femmes (qui utilisent le plus les médias sociaux). Pourtant, de nombreuses études montrant une association entre une utilisation accrue des médias sociaux et une diminution de la santé mentale sont corrélationnelles. Comme tous mes étudiants peuvent vous le dire rapidement: la corrélation n’équivaut pas à la causalité. En d’autres termes, ce n’est pas parce que l’utilisation des médias sociaux est corrélée à des résultats négatifs que cela a provoqué ces résultats. Il est possible que des problèmes tels que la dépression, l’anxiété et une mauvaise image corporelle entraînent une utilisation accrue des médias sociaux au lieu de l’inverse. Si vous vous sentez déprimé, vous pouvez essayer de vous connecter en ligne avec des personnes pour atténuer les sentiments de tristesse. Si vous vous débattez avec une mauvaise image de votre corps, essayez d’afficher des images attrayantes de vous-même afin d’entendre les réactions des autres sur votre apparence.

Si nous voulons vraiment comprendre les effets causals de l’utilisation des médias sociaux, nous devons examiner les résultats d’expériences menées avec soin, dans lesquelles les participants sont affectés de manière aléatoire à des conditions. Une étude récente publiée dans la revue Body Image a utilisé ce type de conception expérimentale pour s’attaquer à l’une des formes d’activité de médias sociaux les plus vilifiées: la publication de selfies.

Tommy Huang/Pexels

Source: Tommy Huang / Pexels

Tout d’abord, un peu de contexte. Les selfies sont souvent utilisés comme une forme de gestion des impressions. Chaque fois que vous essayez d’influencer les autres pour qu’ils vous voient comme vous le souhaitez, c’est la gestion des impressions. Tout le monde participe à la gestion des impressions. Les publications sur les médias sociaux ne sont que l’une des nombreuses façons dont les gens le font.

Les entretiens avec des jeunes femmes révèlent que la gestion des impressions est l’une des principales raisons pour lesquelles elles utilisent les médias sociaux. Pour être certain, les jeunes femmes ne sont pas le seul groupe à utiliser les médias sociaux de cette façon, mais elles affichent plus de photos d’elles-mêmes que d’autres groupes démographiques. Une enquête récente menée au Royaume-Uni auprès de femmes âgées de 16 à 25 ans a révélé que beaucoup passaient plusieurs heures par semaine à prendre, éditer et publier des selfies.

Revenons donc à la recherche actuelle. Un groupe de 113 femmes canadiennes âgées de 16 à 29 ans a participé à l’étude menée par des chercheurs de l’Université York. Lorsque les femmes sont arrivées, les chercheurs leur ont donné un iPad et les ont emmenées dans un espace privé. Les participants ont complété plusieurs mesures de leur humeur et de leurs sentiments envers eux-mêmes. Chaque femme a été assignée au hasard à l’une des trois conditions différentes. Dans l’état «Selfie intacte», les chercheurs ont demandé aux femmes de prendre une seule photo de leur visage et de la publier sur leur profil Facebook ou Instagram. Dans l’état «Retouche du selfie», les femmes ont été autorisées à prendre autant de photos d’elles-mêmes qu’elles voulaient et une application de retouche de photos leur permettant de modifier la photo avant de l’afficher. Dans les conditions de contrôle, les femmes lisent un article sur l’iPad sur les lieux de voyage et ne prennent aucune photo ni ne se connectent à aucun compte de réseau social.

Les résultats ont montré qu’il importait peu que les femmes soient autorisées à retoucher leur image. Les deux groupes de selfie postant ont montré une augmentation de l’anxiété et une baisse de confiance par rapport à la condition de contrôle. Ils se sont également sentis moins attrayants après avoir posté un selfie. Même si certaines variables (comme la dépression) ne semblaient pas affectées par l’affichage d’un selfie, aucune des variables mesurées ne présentait la moindre preuve d’un effet psychologique positif de l’affichage de selfie.

Que devrions-nous faire de ces résultats? Premièrement, il est essentiel que les jeunes femmes (ou quiconque!) Ne soient pas honteuses de leur comportement sur les réseaux sociaux. Il n’est pas juste de demander aux femmes de vivre dans un monde où leur apparence fait l’objet d’une surveillance constante, mais attendez-vous à ce qu’elles ne réagissent pas à ces pressions. En outre, certaines femmes peuvent trouver amusant, passionnant ou responsabilisant, le processus de pose, de montage et de postage de selfies. Mais il convient de noter que le fait que nombre des activités dans lesquelles nous nous engageons peuvent sembler amusantes dans l’instant présent peuvent également avoir un impact négatif sur notre santé mentale et notre bien-être. Ces résultats suggèrent, en particulier pour les jeunes femmes déjà vulnérables aux problèmes d’alimentation, à l’anxiété ou à la dépression, qu’il serait judicieux de limiter la pose et l’affichage de selfies.

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