Loin de chez soi, plus près de vous

La recherche montre comment la vie à l’étranger peut accroître la clarté du concept de soi.

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Qu’est-ce qui vous attend le plus pendant votre séjour à l’étranger? Je demande souvent aux nouveaux expatriés et aux étudiants d’échanger durant leurs premières semaines dans leur nouvelle maison. Ils me parlent avec enthousiasme des nouveaux amis qu’ils ont hâte de faire, des nouvelles langues qu’ils apprendront, des nouvelles villes et des restaurants qu’ils découvriront. Puis, quand vient le temps des adieux et des vols de retour, je pose une autre question: quelles idées avez-vous tirées de votre expérience à l’étranger? Cette fois-ci, ils se replient sur eux-mêmes en réfléchissant à ce qu’ils ont appris sur eux-mêmes – les forces et les faiblesses qu’ils ne connaissaient pas, les rêves et les valeurs qui leur sont chers. Il se passe beaucoup de choses entre ces deux questions. Les nouvelles amitiés et les moments capturés deviennent les éléments constitutifs de leurs expériences internationales. Mais une valeur moindre est souvent une découverte d’un autre genre: la découverte de soi-même, de qui il est réellement. Après tout, comme le dit l’écrivain Pico Iyer, «nous voyageons d’abord pour nous perdre; et nous voyageons ensuite pour nous retrouver. ”

Les opportunités croissantes d’échanges interculturels dans notre monde toujours plus globalisé ont suscité une foule de recherches sur la manière dont ces expériences affectent divers processus psychologiques. Par exemple, des études ont montré que vivre à l’étranger peut réduire les biais intergroupes et l’approbation des stéréotypes, améliorer le bien-être, favoriser la créativité et le développement personnel, accroître la confiance en soi et l’auto-efficacité. Des recherches récentes impliquant 1 874 participants de différents pays ont mis en lumière la manière dont le temps passé à l’étranger peut également mener à un sentiment plus clair de soi.

Le concept de soi est une structure cognitive complexe, multiforme et malléable qui est en partie façonnée par nos expériences. Par exemple, fonder une famille ou entreprendre une nouvelle carrière peut entraîner des changements temporaires ou durables dans le sens de soi. Souvent, les expériences de transition nuisent à la clarté de l’image que l’on se fait de soi: lorsque nos rôles et identités changent, notre perception de qui nous sommes et de ce qui est important pour nous peut subir des ajustements. En tant qu’expérience de transition, vivre à l’étranger peut affecter le sens de soi de différentes manières. Cela peut ajouter de nouvelles compétences (par exemple, bilingues) et des attributs (par exemple, résilients) à l’image de soi, tout en améliorant la clarté de soi.

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La clarté du concept de soi se réfère à une définition claire et à la cohérence interne du contenu du concept de soi de l’individu, en d’autres termes, à une compréhension claire de qui et de ce que l’on est. Parmi les conséquences positives de la clarté du concept de soi, citons la satisfaction dans les relations et la vie en général, les performances professionnelles élevées, ainsi que les réponses adaptatives et résilientes au stress. Alors, qu’en est-il de la vie à l’étranger qui, contrairement à d’autres expériences de transition, augmente la clarté du concept de soi? Comme Adam et al. (2018) suggèrent que tout se passe dans les réflexions sur soi que les individus passent souvent à l’étranger. Les nouvelles valeurs et normes sociales de la culture hôte les amènent à se confronter à leurs propres valeurs, traits et croyances et à examiner dans quelle mesure elles sont le résultat de leur éducation culturelle. Les gens pourraient commencer à réfléchir à ce qui est important pour eux, quelles convictions conduisent leurs comportements et comment ils interagissent avec leur environnement et les personnes qui les entourent. Les occasions pour de telles auto-évaluations deviennent abondantes lorsque nous quittons nos terres natales. Lorsque le contexte n’est plus celui qui a façonné nos valeurs et nos normes sociales, nous commençons à nous interroger sur la mesure dans laquelle une grande partie de nos hypothèses de forme culturelle correspondent effectivement à nos croyances fondamentales. Par conséquent, à travers ce processus de réflexion et d’évaluation, nous obtenons plus de clarté sur ce qui est important pour nous et, par conséquent, sur notre sens de soi.

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Par exemple, disons qu’un Néerlandais qui apprécie la franchise se déplace au Japon, où les normes culturelles favorisent la communication indirecte. Les saisons passent, alors que le nouveau venu expérimente une nouvelle étiquette de communication: lire entre les lignes, déchiffrer le silence et découvrir que les paroles sont prononcées (ton de voix, signaux non verbaux, par exemple) sont aussi importantes que ce qui est dit. En conséquence, ils pourraient réaffirmer leur préférence de communiquer directement leurs messages, surtout s’ils apprécient l’efficacité et souhaitent éviter les ambiguïtés et les malentendus. Ou, ils pourraient se rendre compte que parce qu’être indirect diminue les chances d’offenser les autres, ce style de communication contextuel et nuancé nouvellement acquis s’aligne davantage sur leurs valeurs fondamentales. Dans les deux cas, les réflexions et réévaluations auto-évaluées répétées de leur identité et dans quelle mesure leurs valeurs et hypothèses les définissent (par opposition à leur éducation culturelle) peuvent à leur tour mener à une meilleure compréhension de leur sens de soi.

Il est intéressant de noter que l’étude a également montré que ce n’est pas le nombre de pays (d’ envergure ) dans lesquels les gens vivaient qui augmenterait la clarté de l’auto-concept, mais la durée ( profondeur ) des séjours à l’étranger. Les auteurs suggèrent que c’est parce que plus les gens passent de temps à l’étranger, plus ils se familiarisent avec des valeurs qui peuvent être différentes des leurs. Par conséquent, ils auront davantage d’occasions de réfléchir à leurs propres suppositions et croyances qu’ils considèrent généralement comme allant de soi, conduisant ainsi à un concept de soi plus clair.

Des expériences positives à l’étranger peuvent faire beaucoup pour notre répertoire de compétences et d’aptitudes. L’aventure de sauter dans une vie étrangère animée avec ses saveurs et mélodies inconnues est un exploit en soi. Cependant, peut-être l’un des plus grands avantages de triompher du tourbillon des ajustements physiques et psychologiques, de s’aventurer loin du réconfort de la maison, c’est le don d’arriver plus près de nous-mêmes.

Les références

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