Les femmes maltraitées ne sont pas codépendantes et voici pourquoi

Tenir la femme pour responsable des abus de son partenaire est scandaleuse.

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Ayant été dans le domaine de la violence entre partenaires intimes pendant plus de deux décennies, je continue d’être choquée par le fait qu’il est toujours confus d’identifier les femmes victimes de violence comme codépendantes parmi les professionnels déterminés à les aider. Voir une femme victime de violence comme une codépendante revient à la blâmer pour les mauvais traitements qu’elle subit. Un tel jugement de la part d’une professionnelle à qui elle s’adresse lui permet de se sentir seule, incompréhensible et sans l’aide nécessaire pour qu’elle puisse apporter un changement positif dans sa vie.

Codependent Vs. Abusé

La codépendance est caractérisée comme une personne qui ne peut pas fonctionner de manière indépendante, utilisant son propre sens de soi pour la guider; on croit que sa pensée et son comportement sont disposés autour d’une autre personne. Dans une relation intime, la personne dépendante se sent trop responsable envers son partenaire tout en ignorant ses propres besoins.

Dans une relation intime avec un partenaire qui contrôle et maltraite, la femme victime de violence développera des problèmes psychologiques en réponse à la violence qui diminue son esprit et son sens de soi – qui elle est. La femme victime de violence trouve qu’il est dangereux d’exprimer ses besoins – des besoins légitimes dans son esprit.

Lors d’une conférence de formation sur la violence domestique il ya plus de 20 ans, j’ai reçu un document utile intitulé «Codépendants ou victimes d’abus» (Ford-McComb & Hubacher, Centre d’aide familiale en cas de crise familiale). Les auteurs identifient un certain nombre de caractéristiques d’un individu codépendant et les comparent à celles d’une femme maltraitée par son partenaire intime. J’ai adapté les descriptions de la femme victime de violence afin de mettre en évidence les différences importantes. Chaque position ci-dessous est décrite en conséquence:

1. Codépendant : me sentant trop responsable, j’assume la responsabilité des sentiments et du comportement des autres.

Abus : Mon agresseur me tient pour responsable de ses sentiments et de son comportement. Pour ma propre sécurité, je dois rester conscient des sentiments et du comportement de mon agresseur.

En réaction aux abus de son partenaire, vous voyez que la personne victime de violence a appris au fil du temps à lire son humeur afin d’anticiper son comportement blessant. Malheureusement, son comportement peut être imprévisible. Il n’est pas rare que les femmes maltraitées développent, à temps, une hyper-vigilance, une réaction traumatisante, les rendant d’autant plus vigilantes et vigilantes envers leur partenaire. Cette prise au piège est l’effet douloureux de la maltraitance d’un partenaire.

2. Codépendant : j’ai du mal à exprimer mes sentiments (besoin constant d’être validé par l’autre).

Abusé : Si j’exprime mes sentiments, je compromets ma sécurité.

La femme victime de violence apprend par le comportement de sa partenaire que ses sentiments (y compris les sentiments positifs) ne sont ni reconnus ni valorisés. Lorsqu’elle partage ses sentiments, elle risque d’être humiliée, dégradée et de se sentir honteuse.

3. Codépendant : J’ai peur d’être blessé et / ou rejeté et je demande une validation à mon partenaire.

Abusé : Ayant été blessé et rejeté, j’ai peur d’être blessé à nouveau.

La femme victime de violence a été blessée en temps réel. De la violence de son partenaire, elle vit avec une peur et une douleur psychique qui restreignent profondément ses choix et finalement sa vie. Même si elle quitte la relation, la menace d’abus et la peur d’être blessée se poursuivent.

4. Codependent : J’ai tendance à juger tout ce que je fais, pense ou dis sévèrement selon les normes de quelqu’un d’autre. Rien de ce que je fais, dis ou pense n’est «assez bon».

Abus : Mon agresseur juge durement tout ce que je fais, pense ou dis. Rien de ce que je fais n’est jamais assez bien pour lui.

La violence psychologique exercée par un partenaire intime, notamment l’éclairage au gaz, les manipulations et l’intimidation, crée un doute de soi chez la femme victime de violence. Elle se perd ou perd une partie d’elle-même et, à la fin, ne se sent plus comme elle-même ou «assez bien». C’est la conséquence traumatisante de la violence de son partenaire.

5. Codependent : J’interroge ou ignore mes propres valeurs pour entrer en contact avec des personnes significatives. J’apprécie les opinions des autres plus que les miennes.

Abus : Mes agresseurs critiquent ou ignorent sans cesse mes valeurs et mes opinions. Pour ma sécurité, je dois accepter les opinions de mon agresseur plus que les miennes.

Les femmes maltraitées apprennent que le fait de s’exprimer, de partager des opinions ou d’être en désaccord est synonyme de colère, de représailles et d’intimidation. Finalement, voyant qu’il n’y a aucun endroit sûr avec son partenaire pour s’exprimer, elle garde ses propres pensées, ses désirs et sa perspective.

6. Codependent : Mon estime de moi est renforcée par des influences extérieures / autres.

Abus : La tactique de mon agresseur détruit systématiquement mon estime de soi.

Une femme victime de violence a posé la question suivante: «Si je me sentais mieux, ne serais-je pas alors maltraité?» Il est important de savoir qu’une faible estime de soi n’est pas la raison pour laquelle un petit ami ou un mari est violent. les résultats douloureux d’être maltraités. Un partenaire est violent, non pas à cause de son partenaire, mais à cause de son propre besoin de contrôler la relation.

Les femmes maltraitées méritent mieux

Ne qualifions pas les femmes maltraitées de codépendants incapables de s’affirmer ou d’avoir le sentiment d’être maltraitées. Chaque femme victime de violence avec laquelle j’ai travaillé – plus de mille aujourd’hui – s’est affirmée dans les coulisses pour éviter, prévenir ou minimiser les sévices pour elle-même et ses enfants et a tenté de faire changer son partenaire.

Pour vraiment aider une femme victime de violence, nous devons reconnaître les abus de son partenaire et son piège psychologique; comprendre que son point de vue vient d’un lieu de protection de soi; et l’aider à tenir finalement son partenaire responsable de ses abus. Au fur et à mesure qu’elle grandit en force émotionnelle, elle sera dans la meilleure position pour s’affirmer et de manière à pouvoir répondre sans crainte à son partenaire et à ses abus.

© Lambert