Le bégaiement et le pouvoir de la suggestion

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Source: Fixers

Jouons à un jeu d'association de mots. Quel est le premier mot auquel vous pensez lorsque vous entendez le mot «bégaiement»?

Si vous êtes journaliste, vous pencherez probablement pour le mot «débilitant». En fait, l'expression «bégaiement débilitant» est tellement ancrée dans les habitudes des écrivains qu'elle a été utilisée pour décrire des hommes et des femmes aussi variés que Joe Biden, Emily Blunt, Tim Gunn et Ed Sheeran.

Dans des publications aussi variées que le magazine People, The Daily Beast, NPR et le Los Angeles Times, il est presque impossible de trouver un bègue «réussi» qui n'a pas été décrit comme ayant une enfance gâchée par un «bégaiement débilitant».

Ce badge leur est apposé par le monde extérieur. Ils se décrivent rarement, voire jamais, en ces termes. Pourquoi le feraient-ils? Leurs histoires ne sont pas pitoyables, ce ne sont pas des figures de faiblesse. En fait, leurs histoires sont pleines de courage et de courage. Ce sont des gens qui ont fait face à des difficultés et qui ont prévalu. Débattus, ils ne le sont pas.

Si nous sommes d'accord avec l'idée du «miroir» de George Herbert Mead, l'idée que notre propre image dérive en grande partie de la façon dont nous sommes perçus par les autres, alors le langage que nous utilisons pour décrire le bégaiement devient central.

Les stéréotypes sont des choses insidieuses. Si quelqu'un lit un article décrivant un «bégaiement débilitant», on lui pardonnera de voir quelqu'un qui bégaie dans cette optique réductionniste. Peut-être qu'un jeune qui bégaie lit le mot «débilitant» et se sent moins compétent, moins capable d'aspirer à quelque chose de plus grand, de moins à une partie du monde qui l'entoure.

Le stéréotype plane dans l'air et, que vous croyiez au stéréotype ou non, vous devenez inquiet que votre comportement puisse finir par prouver le stéréotype vrai. Vos pics d'anxiété, agissant comme un combustible plus léger à votre discours. Vous bégayez plus, paniquez plus, luttez contre cela plus. Vous devenez plus comme le stéréotype que vous déplorez.

Ce problème paradoxal, connu sous le nom de «menace de stéréotype», n'est certainement pas seulement ressenti par les bègues. Tout le monde est membre d'un groupe auquel un stéréotype est attaché.

Nous pouvons, bien sûr, espérer que le monde autour de nous arrêtera de nous mesurer en stéréotypes toujours plus étroits. Nous pouvons espérer que nous serons perçus comme la masse déchiquetée des individus que nous sommes.

En attendant, je crois qu'il vaut la peine de trouver des moyens de réduire l'impact des menaces qui nous entourent.

Dans son livre Whistling Vivaldi, Claude M. Steele introduit les idées de la masse critique et refuse de voir les gens à travers le prisme de leur stéréotype identitaire. Plus nous voyons de personnes réussir et bégayer ouvertement, plus le stéréotype de la débilitation s'érode. Plus nous disons aux enfants qui bégaient qu'ils sont capables de grandes choses, plus nous attendons d'eux, plus grande est leur capacité à s'épanouir.

Prenez, par exemple, des hommes comme Joe Biden et Jack Welch (un autre bègue "débilité"). Chaque homme a décrit leurs mères en leur disant qu'elles étaient trop intelligentes, qu'elles pensaient trop vite et que leurs voix bégayaient juste pour rattraper leur retard. Quelle différence ils ont dû ressentir à propos d'eux-mêmes en tant qu'enfants lorsque le «problème» était conçu dans cette optique.

Alors, revenons à ce jeu d'association de mots. Que se passe-t-il si vous connectez le mot «bégaiement» à des mots comme «force» et «capacité»? Comment cela change-t-il le récit de la vie de quelqu'un?