Viande et idéologie politique

Votre vision politique prévoit-elle de manger des animaux?

Dans une précédente chronique, j’ai évoqué des recherches récentes (Hodson et Earle, 2018) montrant que les conservateurs, par rapport aux libéraux, sont plus susceptibles de recommencer à manger de la viande lorsqu’ils tentent de l’éliminer de leur alimentation. Ils reviennent à la consommation de viande. Et nous avons démontré que cette différence de gauche à droite dans le retour à la viande est due aux personnes de droite: (a) moins susceptibles d’essayer de couper la viande pour des raisons de justice sociale (par exemple, bien-être des animaux; nourrir les pauvres); et b) moins socialement soutenus dans leurs efforts pour réduire la consommation de viande. Fait intéressant, la différence gauche-droite n’était PAS due à des facteurs tels que le désir de viande différentiel de ceux de gauche ou de droite.

Quelle est donc l’ampleur de la fracture gauche-droite dans la consommation de viande?

Les nouveaux chiffres tirés d’un sondage Gallup de 2018 fournissent d’excellentes estimations du végétarisme et du véganisme aux États-Unis. Dans l’ensemble, 5% des Américains se considèrent comme végétariens (ne mangent pas de viande), et 3% se considèrent végétaliens (ne mangent aucun animal). produits, y compris la viande, le lait, les œufs, etc.).

L’histoire devient d’autant plus intéressante lorsque l’on examine les différences idéologiques. Parmi les libéraux, 11% sont végétariens, mais seulement 2% des conservateurs sont végétariens. (voir la figure ci-dessous). C’est une différence stupéfiante, les libéraux étant 5,5 fois plus susceptibles d’être végétariens que les conservateurs.

 Created by Gordon Hodson based on Gallup's data

Données Gallup 2018 sur le pourcentage de végétariens et de végétaliens en fonction de l’idéologie politique

Source: créé par Gordon Hodson sur la base des données de Gallup

Une différence similaire est observée chez les végétaliens: les libéraux ont 2,5 fois plus de chances d’être végétaliens que les conservateurs (voir la figure).

De toute évidence, l’idéologie politique est un très puissant prédicteur de la consommation de viande.

Cette tendance a deux implications importantes. Premièrement, notre étude précédente (Hodson et Earle, 2018) montre que les membres de la droite politique sont plus susceptibles de reprendre la consommation de viande car ils signalent un manque de soutien social. Étant donné que les gens s’associent à ceux qui leur ressemblent (ce que nous appelons «l’homophilie»), les libéraux ont tendance à traîner avec les libéraux et les conservateurs ont tendance à traîner avec les conservateurs. En tant que tels, les libéraux trouveront vraiment plus de soutien social dans le but d’éviter la consommation de viande dans leurs cercles sociaux.

Deuxièmement, il semble y avoir quelque chose sur le fait d’être à gauche, et pas seulement relativement plus à gauche, qui prédit une moindre consommation de viande. Regardez encore la figure. Les modérés ressemblent beaucoup aux conservateurs (et sont même moins susceptibles d’être végétaliens que les conservateurs). L ‘«action» ou l’ «effet» semble être que les libéraux (et pas seulement ceux qui sont relativement plus à gauche) consomment moins de viande que les conservateurs.

Le nombre total de végétariens et de végétaliens aux États-Unis reste inférieur à 10% et ce nombre est resté pratiquement inchangé depuis le sondage de Gallup effectué en 2012 sur ce sujet. Mais il y a des signes évidents que les gens sont de plus en plus ouverts à l’idée de manger moins de viande. Comme ils le notent, «les ventes d’aliments à base de plantes ont augmenté de 8,1% en 2017 seulement et ont dépassé les 3,1 milliards de dollars l’année dernière, et les alternatives aux produits laitiers d’origine végétale devraient bientôt représenter 40% des ventes de boissons lactées». Même Tyson Foods, le plus grand producteur de viande aux États-Unis, détient désormais 5% du capital de Beyond Meat (société spécialisée dans les aliments à base de plantes). (voir aussi l’histoire de Reuters).

Qu’est-ce que ça veut dire? Comme nous l’avons écrit précédemment (Hodson et Earle, 2018, p. 79):

«Avec les régimes végétariens et végétaliens de plus en plus populaires (Newport, 2012; Saner, 2016), le soutien social deviendra plus important et devrait atténuer le fossé gauche-droite en matière de non-utilisation» pour revenir à la consommation de viande.

Sur la base de nos recherches antérieures, un moyen encore plus efficace de réduire la différence gauche-droite serait d’encourager les partisans du droit de réduire la consommation de viande pour des raisons de justice sociale, y compris les droits des animaux.

Références

Hodson, G. et Earle, M. (2018). Le conservatisme prédit que les régimes végétariens / végétaliens ne seront plus utilisés pour la consommation de viande (en raison de préoccupations moindres en matière de justice sociale et de soutien social). Appetite, 120 , 75-81. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.appet.2017.08.027