La psychothérapie contribue-t-elle à une culture de la victime?

Est-ce que nous validons nos clients de manière à avoir des conséquences systémiques problématiques?

Le mariage de Jan est sur les rochers. Son mari est un communicateur moche et centré sur lui-même et ne répond pas à ses besoins et à ceux de leurs enfants. Jan a des antécédents de trouble d’anxiété généralisée et la situation de son mariage aggrave ses symptômes. Elle prend rendez-vous avec le Dr Franklin, un psychothérapeute solidaire qui souligne l’importance de la relation thérapeutique. Le Dr Franklin a un don d’empathie et aide Jan à se sentir connue et valorisée dans le traitement. À la fin de la première séance, Jan indique qu’elle se sent entendue et qu’elle comprend mieux ses besoins et qu’elle a hâte de poursuivre sa thérapie.

Plus tard dans l’après-midi, la Dre Franklin s’occupe de superviser ses pairs chaque semaine avec la Dre McClean, une collègue psychothérapeute qui travaille à la pratique. Comme d’habitude, le Dr Franklin demande comment s’est passée la semaine et s’il y a eu de nouveaux clients. Le Dr McClean a déclaré qu’il avait eu un enfant avec un homme qui avait de graves problèmes conjugaux. «Je ressens pour lui», déclare le Dr McClean. «Sa femme a une longue histoire de problèmes de santé mentale, le harcele constamment, ne le respecte pas et leur vie sexuelle est partie en enfer. Il pense donc à la quitter mais s’inquiète pour leurs enfants. Je pense qu’il sera de retour pour plus de sessions. Il a dit que ça faisait du bien de me parler parce que j’ai compris d’où il venait.

À l’insu de tous les deux, le nouveau client du Dr McClean est le mari de Jan, David.

Pensez maintenant à l’apparence de David et Jan, en fonction de la perspective. Du point de vue de Jan, David est égocentrique et insensible, alors qu’elle tente de faire de son mieux compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouve. Bien sûr, du point de vue de David, Jan est excessivement névrotique, alors qu’il essaie de faire de son mieux. peut, étant donné la situation dans laquelle il se trouve 1 . Considérons maintenant que le fondement d’une bonne psychothérapie est une bonne alliance de travail et que le développement d’une bonne alliance repose sur le fait qu’il s’agit d’un bon enquêteur clinique. Le fondement de la fonction d’intervieweur clinique est souvent décrit en termes de triangle LUV, pour écouter, comprendre et valider.

Zoomons sur ce dernier terme. Que veut dire valider quelqu’un? Le mot «valider» signifie concrètement démontrer la légitimité de. Les synonymes incluent justifier, corroborer, vérifier, soutenir, sauvegarder, confirmer, confirmer, justifier et authentifier.

Je partage ce scénario pour nous orienter vers ce que je pense être quelques-unes des principales questions philosophiques, théoriques et fondées sur des valeurs sur lesquelles le domaine de la psychothérapie doit se pencher et qui doit être traité. Comment et de quelle manière validons-nous nos clients? Dans le contexte de ce scénario quotidien, quel cadre employons-nous (en tant que psychothérapeutes) qui nous permettrait, en tant que système (c’est-à-dire le domaine de la psychothérapie dans son ensemble), de valider Jan et David?

J’ai généré cet exemple pour préciser que le domaine de la psychothérapie ne peut pas valider les clients à la lettre, du moins pas de manière réaliste ou naïve. Les récits de Jan et David ne peuvent pas être également légitimes et vrais. En effet, dans la mesure où les deux sont validés de manière concrète, cela conduit à la conclusion qu’ils ont tous les deux le droit de ressentir de la colère et méritent un châtiment. Bien entendu, cela entraînerait de plus en plus d’hostilités et de problèmes.

Les thérapeutes sophistiqués savent que le mot «valider» dans ce contexte ne signifie pas fournir un chèque en blanc légitimant officiellement toutes les demandes du client comme une vérité générale. Valider dans le contexte de la thérapie signifie retenir et accepter le point de vue subjectif de la personne sur le monde et ses sentiments à son égard, et le faire de manière réfléchie et réfléchie. On espère alors que cette notion est plus largement comprise et favorise le mouvement vers la croissance personnelle, la maturité, les aptitudes sociales, la vie adaptative ou tout ce que le modèle de thérapie suggère comme étant de «bonnes» façons d’être.

Bien entendu, il n’ya pas de consensus professionnel sur la nature de ce cadre général. Il y a beaucoup de problèmes compliqués ici, liés aux valeurs et à la vision du monde, entre autres. Les complications ne sont que quelques-unes des nombreuses raisons pour lesquelles le domaine de la psychothérapie n’est pas du tout unifié mais existe plutôt dans un état de pluralisme fragmenté composé d’un nombre presque infini d’approches et de philosophies. Compte tenu de l’exemple ci-dessus, les thérapeutes cognitifs abordent généralement la situation de manière très différente de celle des féministes.

Mais cela nous ramène au problème. Si les psychothérapeutes ne peuvent s’accorder que sur le fait que la relation est importante et que nous devrions valider les revendications ou les douleurs de nos clients (au moins d’une manière ou d’une autre lors des premières séances), la définition standard ou générique de la validation ne s’applique-t-elle pas? devenir le message par défaut? En résulte-t-il que nous sommes, en tant qu’institution, des validateurs professionnels des préjudices et de la détresse psychologiques? Si oui, ça veut dire quoi?

Compte tenu des analyses récentes selon lesquelles il existe une culture de la victime et l’utilisation massive des traitements en augmentation, j’estime que ce sujet mérite d’être examiné. Le domaine de la psychothérapie doit savoir s’il s’agit d’une collusion avec les clients de manière à contribuer de manière problématique à une culture plus générale du grief.

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1 J’utilise intentionnellement les stéréotypes de genre dans l’exemple parce que je veux que ce soit générique. Je pense aussi qu’il est utile de préciser la complexité des choses en incluant «les préoccupations stéréotypées des hommes et des femmes». Comme notre domaine et la société aujourd’hui le savent, une telle revendication soulève de nombreuses questions quant à la validité ou non quel contexte et du point de vue de qui (par exemple, des féministes, des thérapeutes cognitifs ou toute autre position).